Extrait du journal

(Dépêche de notre correspondant) Saint-Dié, 5 août. Samedi, un bataillon du 149° d'infanterie fai sait une reconnaissance sur le Hoheneck. A un momentoù on longeaitla frontière, deux jeunes hommes très correctement vêtus la traversèrent et, s'adressant à un lieutenant, demandèrent à être présentés au chef de bataillon., Alors ils se nommèrent. C'étaient des officiers'sortis récemment de l'Ecole de guerre de Berlin. Quoique la démarche fût plutôt singulière, le commandant français accueillit les officiers al lemands, sinon avec empressement, du moins avec courtoisie. 11. répondit à leurs questions sur les performances des chevaux, sur la tenue et l'endurance de la troupe, : — Mes hommes, dit le commandant, font sou vent quarante kilomètres par jour et je ne laisse pas de .traînards. " . i — C'est énorme, répliquèrent les Allemands, •mais ils doivent être exténués ? i — Vous allez voir; notez que nous avons 'déjà fourni une longue étape. Une côte assez raide se présentait. Sur un signe du commandant, les tambours et clairons se mirent à battre la charge. La colonne s'é branla augmentant graduellement sa vitesse jusqu'à l'allure du pas gymnastique, avec une légèreté, une élasticité, un ensemble prodi gieux. Les deux officiers allemands ne purent s'empêcher de dire : — C'est vraiment beau 1 Et comme ils s'éloignaient, on entendit l'un d'eux dire à son camarade : — Va donc en faire exécuter autant à tes Wurtembergeois l...