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Le Petit Marseillais, 11 octobre 1909

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Le Petit Marseillais
11 octobre 1909


Extrait du journal

« Il faut s’expliquer, ici, en toute franchise. Je ne crois pas à la magie des grands dis cours politiques ; je ne crois pas qu’il soit possible d’enfermer dans les formules d’un discours le présent et l’avenir d’un pays. Je sais bien que les paroles ne valent pas les actes ; mais il est nécessaire à un Homme nouveau, dont on a besoin de connaître toute la pensée, de parler, surtout lorsqu’il vient comme moi au pouvoir dans des conditions un peu exceptionnelles. J’ai donc le devoir de m’expliquer. (On crie, dans la salle : Oui ! oui !) « Messieurs, ces mots détente et apaisement, comment ont-ils été compris ? Dans les masses profondes du pays on a compris, on a dit que peut-être dans ces mots il y avait la possibi lité d’une union de tous les Français dans un gouvernement de liberté et de justice. (Applau dissements prolonges et enthousiastes.) D’au tres se sont demandé : ÿ’agit-il de détente et d’apaisement pour nous contre d’autres ou pour d’autres contre nous ? « J'entends, affirme avec autorité le prési dent du conseil, ces mots dans leur acception la plus large. Nous voulons être un gouverne ment de détente pour tous, sans distinction de fiarti ; donner à tous la liberté d’opinion, la ustice et la liberté de conscience, sans les quelles il n'y a point de pays possible et sur tout pi««i de République, (kouvkmm applaudis, aements prolongés.) « Lorsqu'un régime s’institue -dans Ja ba taille, il a besoin de toutes ses forcés pour vivre. Il est menacé ; il reçoit des coups ; il les rend. Pendant trente-neuf ans, la Républi que, désirée, voulue, maintenue, a été con testée et combattue par quelques-uns. Contre elle se sont préparées des entreprises hosti les. La République était obligée de grouper autour d’elle tous ses enfants pour consolider son existence. « Messieurs, il n'est pas possible, pour un grand pays, de vivre toujours dans un tel état. Parviendrons-nous à faire accepter défi nitivement les idées dp fraternité 7 Ma grande joie, en arrivant au pouvoir — oh ! ce n'a pas été un sentiment de vaine gloriole — ç’a été de penser que, peut-être, le hasard m’avait donné l'heure propice pour faire l’union de tous les Français qui ont compris qu’il n’existe pas de prospérité et d'avenir pour un pays dans les luttes et dans les déchirements. LES LUTTES ET LES RÉFORMES « Pendant trente-neuf ans, la République, maintenue avec force par le pays, a été con-' testée par quelques-uns. Alors, elle fut obli gée de grouper autour d’elle tous ceux qui l’aiment, non pour la formule, mais pour ce qu’elle contient. Il y a eu des luttes, il y a eu des cadavres ; mais il arrive un moment où il est nécessaire de faire entendre des paro les de fraternité, et ma joie est profonde de penser que je pourrai être l’homme de cette mission, car il n’est pas de prospérité durable dans les luttes et les déchirements. « Si je cherchais â me maintenir à la fa veur des luttes intestines, je serais un misé rable. Nous voulons rendre la République si agréable à habiter, nous voulons l’élever si haut au-dessus des partis, que ce soit la France entière qui rayonne en elle. « Dans une précédente législature, j’ai été l’artisan d’une grande réforme dans laquelle était le germe des divisions entre les cons ciences. Cette question, une fois réglée, alors pour les hommes de bonne volonté il n’y a plus de raisons valables d’entrevoir des luttes fratricides. « On a dit aux catholiques que leur liberté d’aller à l’église serait entravée. Eh bien I ils ont pu constater que les églises sont toujours ouvertes, et, depuis, rien n’a pu nous faire départir de notre calme. De certains côtés, on...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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