Extrait du journal

CHAMBRE des DÉPUTÉS La séance est ouverte à 3 heures. M. Casimir Périer, président, occupe le fauteuil de la présidence. Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. L’ordre du jour appelle l’installation du bu reau définitif. M. le Président prononce l’allocution sui vante : Discours de M. le Présida ni « Messieurs et chers collègues, « Vous venez de me donner un témoignage de confiance dont je sens tout le prix ; je sens aussi tout le poids des responsabilités qu’il m’impose. Il me sera plus difficile encore de justifier votre sympathie que de vous en re mercier. Pour ne pas être au-dessous de ma tâche, il faudra m’inspirer des traditions d’im partialité, de tolérance et de fermeté que nous ont laissées les hommes éminents qui ont oc cupé ce fauteuil. Je ne puis prétendre appor ter ici toutes les qualités de l’esprit dont a fait preuve celui auquel je succède; je n’aurai garde d’oublier la courtoisie ' et la bienveil lance qu’il témoignait à tous. Pour moi, c’est plus qu’un souvenir, c’est un exemple. (Ap plaudissements.) « Le républicain que vous venez d’appeler à cette place est, à défaut d’autre mérite, as sez fortement attaché à sa foi politique pour admettre et pour respecter toutes les convic tions. La tribune parlementaire demeurera l’asile inviolable de la liberté de discussion, parce qu’il n'est pas un représentant de la nation qui puisse oublier le respect que «toiVBtu aux lois ceux-là surtout qui ont. ta mis sion de les faire. (Applaudissements.) C'est l’honneur et la dignité de la Chambre que vous me demandez de défendre ; je ferai tout mon devoir. (Très bien ! Très bien !) « Dès votre première séance, vous avez entendu de saines et fortes paroles; je vous remercie, cher et vénéré, doyen de les avoir prononcées. (Vifs applaudissements.) Je féli cite la Chambre qui vous a sincèrement applaudi. Vous aviez à vos côtés les plus jeunes d’entre nous; ils auront de longues années à se souvenir et, grâce à vous, ils se souviendront qu’il y a des cœurs que la patrie trouve toujours chauds, malgré les années, et que les espérances les plus généreuses, les plus viriles pensées, viennent de ceux qui ne vieillissent pas. On reste jeune quand on s’oublie soi-mème pour ne songer qu’à son pays. (Applaudissements.) « Non, ce ne sont pas des défaillances indi viduelles qui pourront atteindre la Répu blique. Le suffrage universel a moins de passion, plus de bon sens et d’équité que les meneurs politiques. (Applaudissements.) Il se fait aux mœurs de la liberté et il sait qu’à d’autres époques le silence et l’impunité étaient acquis aux fautes que la République veut dévoiler et saura punir. (Vifs applau dissements au Centre et à Gauche.) C’est en vain qu’on cherche à se faire une arme con tre les institutions, de la rigueur que les pou voirs publics et la justice apporteront dans la répression. C’est en vain qu’on espère que le suffrage universel ne se montrera pas assez éclairé pour démêler ceux qui ont faibli aux lois de l’honneur et ceux que la calomnie cherche chaque jour à mettre en cause. (Applaudissements.) « Depuis vingt ans, il n’y a eu de déception que pour ceux qui ont douté de la France. Je fais appel, ici, à tous ceux qui ont souci de la dignité nationale. Je leur demande d’at tendre avec confiance et avec sang-froid les arrêts de la justice, de donner le plus vite possible au crédit public les lois budgétaires qu’il réclame; de consacrer les quelques mois qui nous restent à réaliser ou à prépa rer les réformes pratiques que la démocratie est en droit d’espérer. (Très bien ! Très bien !)...