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Le Petit Marseillais, 13 novembre 1900

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Le Petit Marseillais
13 novembre 1900


Extrait du journal

fortunés, les jeunes filles étaient élevées d'une façon pratique et Intelligente et non point initiées le plus souvent aux futilités, aux Inu tilités, ce qui développe fatalement chez elles le culte du luxe et de la dépense, beaucoup de jeunes gens, qu’on ne saurait blâmer, après tout, de vouloir songer au lendemain, se lais seraient moins rebuter par le mariage. Mais pourquoi faire payer aux jeunes ou plutôt aux vieilles filles dont je parle la cou pable imprévoyance et le sot orgueil des pa rents ? Votre projet de loi,Monsieur le sénateur, sou lève une objection beaucoup plus grave. Il at teint également la vieille fille pardévouement et par abnégation ; qui, celle-là, n’a obéi qu’à l’esprit de sacrifice. Comment I vous voulez aussi exiger un Impôt d’une jeune fille, par exemple, qui, pour ne pas se séparer d’une vieille mère malade, infirme, paralysée ; pour lui prodiguer ses soins jusqu'à la dernière heure, a préféré renoncer au mariage ! Mais M. le sénateur, U y a des vieilles filles admirables, sublimes, qui ont enterré volon tairement leur jeunesse, leurs rêves, leurs projets afin de se consacrer tout entières à un père, à une mère et même à un frère ou à une sœur chargés de famille. Et c’est à ces martyres, à ces Immolées que vous faites le procès ! De toutes façons, Monsieur le sénateur, votre projet de loi aurait besoin d’être remis sur le métier. Je ne sais les arguments que pourront invoquer, à leur tour, MM. les céli bataires contre la taxe qui les menace. Mais, en ce qui nous concerne, il n'y aura sûrement qu’une voix pour s’élever contre le singu lier traitement que vous vous proposez de nous infliger. Nous ne méritons certes pas cette assimila tion devant l’impôt. Il y a une nuance, même à ce point de vue entre les célibataires de l’un et l’autre sexe. Et je serais bien surprise qu’une assemblée aussi vénérable, aussi assagie que le Sénat n’eût pas un grand fonds je ne dirai pas do tendresse mais d’indulgence pour les vieilles filles et n’épousât même pas leur cause avec empressement. J’espère fort, quant à moi, Monsieur le sénateur, que votre proposition sera rejetée, n’obtiendra aucun succès et qu’une véritable iniquité ne sera pas commise par le Parle ment à l’égard de célibataires qui, hélas l ne i^édisent parfois du mariage que parce qu’il ne leur a pas été donné de le conuaitre. Veuillez, Monsieur le sénateur, agréer, etc. Une vieille Fille. Horace Bertin....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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