Extrait du journal

nellement essayé une ou deux fois. Eh bien î on n’a pas voulu de mon homme ou on ne l’a finalement accepté qu’après l’avoir dénaturé. S’il était canaille, c’é tait pour ceci ou pour cela : ce n’était jamais parce qu’il était canaille, tout sim plement. Pas besoin, cependant, d’aller chercher midi à quatorze heures. Tous ceux qui ont étudié de près la vie humaine vous le disent, certains actes de férocité ne s’expliquent pas autrement que par leur férocité même. C’est justement ce qui ressort une fois de plus de cette affaire de la Pouilleuse. Comment? Voilà des femmes, c’est-àdire des êtres bons par excellence, doués de la plus exquise des sensibilités, si la nature ne leur a point refusé ce qu’elle accorde libéralement à leur sexe. Et quand elles ont martyrisé des mignon nes de douze ans, quand elles les ont fait hurler de douleur pendant des années, avec des raffinements de cruauté que le tigre n’a pas, vous les prendriez encore pour des femmes ? Allons donc ! Ces gueuses-là ne sont pas même des femel les ! Les louves ne font pas de mal aux petits des loups. Des monstres, oui, et pas autre chose ! On a trop souvent fait remarquer que la femme dépasse l’homme en sauvagerie, quand elle est méchante. Je n’ai pas été y voir, les furies ne m’ayant jamais beau coup attiré. Seulement, vous me per mettrez bien de risquer ma petite opinion sur une aussi délicate matière, en sup posant que le fait vaille la peine d’être examiné. Si la femme cruelle exagère encore la cruauté, cela tient évidemment à ce qu’elle a tous les défauts de ses qualités, tous les vices des ses vertus, surtout dans les moments où elle sort de son rôle et de sa nature pour se jeter en pleine bar barie. Tout son sexe, qui est comme pétri de tendresse et d’abnégation, se venge d’elle en la faisant plus terrible, dès qu’elle a versé dans l’horreur. C’est parce qu’elle aurait dû être la mère douce aux bébés, penchée sur les ber ceaux, dans une attitude de recueillement et de bénédiction, qu’elle est plus hideument la marâtre, lorsque le vent du crime a soufflé sur elle. Tl est terrifiant de penser que la so ciété confie des enfants à une pareille j créature ; mais à quoi reconnaîtrait-elle, i le monstre îOeîa sourit et minaudé, avec 1 de jolis yeux tout pleins d’un vague lever i d’aube ; cela vous a des càlineries de bébé qui vous prennent toute l’âme; et comment devineriez-vous que cela n’est pas une femme? Il n’y a pas de question sociale plus poignante que celle des enfants. La mi sère les étiole, la maladie les prend, la mort les emporte. Bonsoir les petites âmes ! Elles vous ont à peine regardé que les voilà parties. J’écris cette chro nique à la campagne, dans un paysage où les perspectives évoquent des bouts de paradis par là-bas, dons le vert fré missement des feuilles et des eaux. Et bien! tout autour de moi, le long de ces sources éblouissantes de ciel, sous ces grands arbres que le soleil mitraille do ses flèches d’or, la fièvre typhoïde verse chaque jour quelque berceau dans la terre fleurie des cimetières villageois. Et com me si la mort ne suffisait pas, voilà main tenant des coquines qui se mettent à martyriser les pauvres chéris ! Je vous ai souvent entretenu autrefois,...