Extrait du journal

LA LIBERTÉ Dû MALADE C’est un point assez curieux de morale courante. Je le trouve exposé, traite et résolu dans un ouvrage très bien fait et très amusant, qui a pour titre : Vie pro fessionnelle cl devoirs du médecin par Juhel Rénoy. Il s’agit d’un cas qui se présente assez souvent, et que l’auteur du livre qualifie de ce mot : Le détour nement des malades. Il n’est pas un de vous qui ne connaisse ;ette situation. On a chez soi un malade, pour qui l’on craint. On est allé chercher un médecin, et le médecin, pour une raison ou pour une autre, n’a point plu ; il n’a pas inspiré confiance. On s’imagine qu’il n’entend rien à la maladie qu’il traite. Il ne s’agit pas de savoir si l’on a raison ou tort ; vous savez que la conftance du malade en son médecin est pour moitié dans sa guérison. Si la foi s’en ra, les forces diminuent. On en va donc chercher un autre, qu’a indiqué quelqu’un de l’entourage, du que recommande quelque cure qui a fait du bruit. Que doit faire le médecin que l’on va chercher ainsi, pour lui donner près d’un malade la place d’un de ses confrères? Doit-il refuser pour ne pas avoir l’air de marcher sur les brisées de l’autre ? Doit-il go rem > aux prières de la famille ? M. Juhel Rénoy a l’air de croire que ie cas de conscience est particulier à ceux qui exercent la médecine ; Mais non ; il se présente dans une foule de professions. Un plaideur a confié le dossier de son affaire à un avocat. Il s’aperçoit ou croit s’apercevoir, peu importe, que l'avocat qui lui a été indiqué par l’avoué ou par l’annuaire du palais est un âne bâté ; il s’en va en consulter un autre. Cet autre doit-il se charger de l’affaire qu'a déjà btudiéc le premier avocat et qu’il se disposait à plaider ? Vous avez besoin de faire arranger votre serrure. Vous allez chez le serrurier le plus proche, qui vous envoie un de ses ouvriers. Cet ouvrier dépose, selon la coutume parisienne, sa sacoche et ses outils le long do la porte qu’il doit répa rer, s’en va sous un prétexte quel conque et ne revient pas de deux jours. Il est en ballade, c’est l’expression con sacrée. Naturellement, vous êtes pris d’une certaine impatience. Vous allez chez un autre serrurier, qui vous envoie un autre ouvrier. Ce nouvel ouvrier voit les outils de son camarade. —, Ah ! dit-il au propriétaire, vous Aviez fait venir quelqu’un du métier. Je ne puis pas le supplanter....