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Le Petit Marseillais, 26 février 1884

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Le Petit Marseillais
26 février 1884


Extrait du journal

n’est pas homme à se laisser prendre de court : il lui faut une triple alliance à tout prix ; après l’Au triche, c’est le tour de la Russie ; nous verrons à qui le tour après la Russie. Quoi qu’il en soit, en présence de ces voltefaces, de ces changements à vue, la France a l'im périeux devoir de ne pas se désintéresser de 'fa. politique européenne et de chercher par tous les moyens, quoiqu'avec le plus grand sang-froid et la plus extrême prudence, à regagner la place à laquelle elle a droit en Europe et qu’elle a perdue par ses défaites. Il faut qu'elle soit toujours prête à profiter des circonstances qui pourraient l’a mener à jouer un rôle moins effacé, et qu’aucun événement ne puisse la prendre au dépourvu; tôt ou tard, les combinaisons diplomatiques de M. de Bismarck et l’état de malaise créé dans tous les Etats par le rôle prépondérant de l’Allemagne se dénoueront par quelque coup de théâtre plus imprévu encore que tous ceux auxquels l’Europe a assisté. Aussi, est-ce avec un vif sentiment de surprise que nous avons appris l'autre jour, par une lettre particulière d’un de nos amis en mesure d’être bien renseigné sur ce qui se passe dans les ré gions gouvernementales, qu'il serait question de diminuer les dépenses du département de la guerre pour arriver plus sûrement à équilibrer le budget. Certainement, ces dépenses sont énor mes et les sacrifices qu’elles imposent à la nation sont fort lourds ; mais n’y a-t-il pas d’autres éco nomies à réaliser ? Le moment ne serait-il pas singulièrement choisi pour amoindrir notre puissance militaire et pour passer au rang des puissances de second ordre? Ne serait-ce pas, en outre, perdre le fruit de douze ans de patience, de travail, de sacrifices, que d’arrêter aujourd’hui l’œuvre de notre réor ganisation, sous prétexte d’économie? Espérons que les événements qui se préparent en Europe attireront l’attention d# nos hommes d’Etat, et qu’ils comprendront combien serait grande leur iesponsabilité si, un jour, la France ôtait obligée d’assister, désarmée et impuissante, à ces événements et de laisser échapper l’occasion de reprendre son rang à la tête des grandes puis sances continentales. — Adv....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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