Extrait du journal

Nous voici au cœur du sujet, puisque déjà s'amorcent à Paris, et vont se développer dans les prochains jours, les négociations entre Italie, Grande-Bretagne et France pour dégager du traité de 1906, qui régit leura rapports mutuels à S'égard de l'Ethiopie, les possibilités d'expansion italienne en Atryssinie. Mais, du coup car les interrogations s'enchaînent, i n q u i étantes une autre question surgit Dans quelle proportion l'Angleterre veut-elle favoriser ou entraver l'expansion italienne f La France a aussi son mot à dire, puisqu'elle est partie au traité et qu'elle a des intérêts en Abysainie. Mais on a déjà vu que son rôle est bien plus de rapprocher les points de vue italien et anglais et d'amener ies Anglais jusqu'au point de jonction des conditions minima italiennes. On en arrive ainsi, au terme de la filière, à constater que le différend ftalo-éthiopien est devenu une partie d'échecs anglo-italienne. Il l'est devenu à tel point qu'il y a quelpresse britannique et la presse de la péninsule, un véritable assaut de propos plus qu'aigrea-doux, un assaut inutile, un assaut nuisible, auquel il semble qu'on ait sagement renoncé. Il l'est devenu tel point qu'on a pu entendre d'imprudentes hypothèses de conflit armé, oui armé, entre l'Italie et l'Angleterre. Erreur d'excitation passagère à laquelle il ne faut pas s'attarder. Je ne conçois pas, en effet, je ne puis pas concevoir une tension qui dégénérerait en conflit entre nos amis anglais et nos amis italiens. Ceci ne peut pas être. Ceci ne doit pas être. Il y a assez d'autres sujets de soucis en Europe sans que s'y ajoute une inquiétude si grave, et, pour la même raison, il y a une situation assez périlleuse en Europe pour que l'Italie ne soit pas détournée du rôle modérateur qu'elle doit y jouer par une expédition coloniale qui prendrait le caractère d'une guerre véritable, longue peut-être, coûteuse assurément et quand je dis coûteuse, je pense moins aux milliards de lires qui seraient dévorés (plaie d'argent n'est pas mortelle, même à notre époque d'impécuniosité universelle) qu'aux milliera et milliers d'hommes qui y laisseraient leur santé ou leur vie. Non. Ecartons ces spectres. « Bon, me dit...