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Le Petit Parisien, 16 avril 1907

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Le Petit Parisien
16 avril 1907


Extrait du journal

PEINTRES D'HIER Le Salon vient d'ouvrir ses portes c'est là, dans la vie d'un artiste, un événement d'une réelle importance. Il ne s'agit pas seulement de se faire remarquer d'un jury, pour gagner une récompense, d'attirer sur soi l'attention de I Etat pour attraper une commande mais aussi d'offrir au jugement des critiques et du public, une année de recueillement, de patience et d'efforts- On imagine tout ce que renferme pour un peintre, d'espérance et d'angoisse, ce mot magique le Salon. Que de démarches la plupart d'entre eux ne font-ils pas auprès des vieux maîtres pour être reçus. Il faut se constituer une clientèle, un peintre ayant une clientèle, tout comme un médecin ou un avocat. Et c'est à la fois son salut et sa perte, car si cette clientèle le fait vivre, elle le force à fournir, chaque année, les mêmes œuvres, à traiter un sujet semblable, et l'artiste qui n'a pas le courage de se révolter est condamné à peindre toute sa vie des troupeaux, des soldats ou des paysages. Pourtant l'artiste de nos jours n'a pas que les grands Salons annuels, pour se faire connaître depuis plusieurs années, les petites expositions particulières se sont multipliées et il ne se passe pas de semaine, pas de jour, que les critiques ne soient conviés à la visite de quelque galerie. Si l'on songe à la condition des peintres d'il y a trente et quarante ans, on ne peut nier que les conditions de travail ne se soient améliorées. Un peintre de talent, M. Georges Clairin qui connut, dans sa jeunesse, ces deux illustres maîtres, Ingres et Delacroix, a raconté à un écrivain fort distingué, M. André Beaunier, les principaux événements de sa vie, toute remplie d'amitié, de rêverie et de labeur. On ne peut rien imaginer de plus instructif et de plus amusant. Il y a quarante ans, l'Ecole des Beaux-Arts ne possédait pas d'atebers les jeunes gens qui se destinaient à la carrière artistique devaient travailler à leurs frais dans des salles privées. Comme il n'y avait pas d'omnibus, ni de bicyclettes, les ü rapins qui venaient le matin de fort bonne heure, restaient tout le jour dans l'atelier. Après la première séance de pose, l'on transformait la vaste pièce en une salle à manger, les tabourets des dessinateurs servaient de sièges et les tabourets des peintres de tables. On partageait les provisions et les pauvres qui peignaient sur du papier tendu, parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'acheter des toiles, attrapaient quelques bcns morceaux....

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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