Extrait du journal

LA POLITIQUE A PARIS Fin d’année La vie politique est entièrement suspendue. Sénateurs et députés sont dispersés aux qua tre coins de la France, et ceux des ministres que Y influença épargne, dressent des listes de décorations. C’est, pour eux, un véritable cassetête, car ils ont promis tant de croix qu’ils ne savent plus où les prendre. Ils savent qu’ils vont faire beaucoup de mécontents, et ils se préoccupent de ne mécontenter que ceux dont ils ont le moins à craindre ou dont les protec teurs sont les moins influents. Ils biffent un nom et le remplacent par un autre; puis, après nouvelle enquête ou lorsque certaine démarche vient à se produire, ils le rétablissent, pour l’effacer de nouveau. Les antichambres ministérielles sont encombrées de solliciteurs ; c’est un perpétuel va-et-vient de dossiers, et ces graves questions sont les seules qui enfièvrent les belles intelligences de nos gouvernants. Les feuilles officieuses nous disent bien, de temps à autre, que tel ou tel ministre étudie telle ou telle réforme, prépare un décret, ré dige un projet de loi ; n’en croyez rien. Tous pâlissent sur leurs listes, les remanient, les bouleversent, et chacun d’eux s’efforce d’obte nir de ses collègues le prêt de quelques déco rations en promettant de les lui rendre à Pâques ou au 14 Juillet prochain, et se heurte toujours à quelque refus. C’est bien finir l’année....