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Le Temps, 3 août 1894

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Le Temps
3 août 1894


Extrait du journal

ma naissance il m’avait voué au sacerdoce. Il fut terriblement désappointé quand, à mesure que je grandis, je ne montrai aucun goût pour cette vocation, etquand j’allai au collège, je ne me comportai pas avec la gravité qu'on eût attendue d’un théologien. Je n’étais pas ce que l’on appelle, dans le mouvement, pour le collè ge, mais j’étais doué de muscles terriblement robustes, et j’avais pour le canotage et tout exercice athlétique une véritable passion. — Mais il n’y avait aucun mal à cela, assuré ment. — Le mal, c’était de manquer à toutes mes promesses ; car mon père considérait le cano tage et le cricket comme des inventions du ma lin pour l’encouragement à l’oisiveté et à la dis sipation, tandis que toutes les sociétés athléti ques étaient haïes par lui, comme on suppose que le diable hait l’eau bénite... Je m’étais en gagé d’avance, solennellement, à ne rien avoir à faire avec tout cela, et mes promesses ne furent pas tenues. ■ — Mais votre père n’avait pas eu raison d’exiger de vous de pareils engagements. —Je tranquillisai ma conscience par cette pen sée. Mais cela ne m’empêcha pas de subir ma punition. Mon père me jugea probablement mieux que moi et vit que je ne pouvais, servir deux maîtres. En tout cas, bien que je fusse ar rivé à ramer d’une manière dont je n’étais pas peu fier, continua-t-il avec un triste sourire, je rentrai chez moi la première année chargé d’une masse ; de conditions qui m’astreignirent au travail tout l’été. En automne, je revins au collège plein de bonnes résolutions, décidé à piocher et à m’abs tenir de mes distractions favorites. J’en avais Je ferme désir, mais dans une heure de malchance, j e f us en traîné par m es amis à reprendre ma place dans notre équipage de canot, j’y devins même, par l’absence accidentelle d’un autre, chef d’em barcation. Pour m’achever de peindre, on m’a vait trouvé la poigne bonne ; aussi m’appela-t-on souvent comme remplaçant dans notre classe de boxe ; l’orgueil de mes prouesses avait telle ment endormi ma conscience que je continuai, pensant qu’autant valait être pendu pour un mouton que pour un agneau. Je me rendais bien compte, mais vaguement, qu’il y aurait un jour d’expiation, mais je n’imaginais guère ce qu’il serait. Mes dépenses augmentaient, je m’endet tai et je déclinai tellement dans mes études que mon record'athlétique seul m’empêcha d’être expulsé du collège. Quand je revis mon père, en rentrant chez nous, je compris que j’étais perdu dans son esprit. Et comme si ce n’était point assez, notre bateau avait gagné la course uni versitaire. Cette victoire inattendue fit grand bruit, et un journal indiscret alla jusqu’à donner nos noms et à exalter nos proues-...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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