Extrait du journal

cié, ce fils de patron, rechercher la compagnie de ces artisans mal résignés, aux cœurs demisauvages. A ses avances, ils répondaient d’abord fort mal, redoutant une perfidie. Si « le fils à papa», comme ils l’appelaient, cherchait à se faire bien venir d’eux, c’était, sans nul doute, pour les moucharder et les fiche dedans. Il n’en fallait pas. Ils lui firent noire mine. Mais Georges ne se rebutait pas. Il songeait que ceux-là comprendraient ses idées sociales, et, à présent, n’ayant plus rien à désirer de l’a mour, il se reprenait a ses projets de réforme et d’affranchissement sur son propre terrain, contre les intérêts des siens et de lui-même. Un autre sentiment encore, complexe, celuiià, le rapprochait dès ouvriers, sentiment qui pouvait passer pour un commencement de re mords, l’expression d’un repentir, ou une crainte du lendemain. Il se disait tout bas que l’amant de Linette der vait prouver son amour pour le peuple autre ment qu’en lui déshonorant ses filles. Il supprimait les distances entre elle et lui, en se mêlant aux gens de sa condition, à elle ; en déclarant ses principes d’égalité absolue en tre toutes les classes. Plus tard, si le secret qui le liait à Jacque line était surpris par hasard, on ne pourrait l’accuser que d’avoir un peu trop aimé le peupie, d'avoir été un peu trop loin dans ses mani festations à son égard; on ne crierait plus au grand seigneur débauchant les paysannes. Le raisonnement était futile et, pourtant, il s’y complaisait. Peu à peu, les Belges s’apprivoisèrent, réso lus à laisser venir cet ami singulier qui pouvait être utile, quitte à le surveiller et à rompre tout commerce s’il leur semblait suspect. Boghaërt se rendit le premier, car il n’admet tait pas qu’on osât se jouer de lui. Mais le résultat; réel qu’obtint Monsieur Georges fut, à ses dépens, une reprise d’animo sité dans le village; on né lui pardonnait pas ses sympathies évidentes pour les étrangers ; on les qualifiait de trahison envers le pays même. . ;...