Extrait du journal

XIX Pendant que se déroulaient les douloureux événements que nous venons de rapporter, Siao-Yu comptait impatiemment les jours qui la séparaient du moment où elle pourrait avoir des nouvelles de son amant. Trois mois à attendre ! Trois longs mois ! Presque une éternité. Mais aussi quelle récompense au bout! Leur bonheur allait re commencer pour ne plus finir : n’avaient-ils pas tout ce qu’il fallait pour faire de leur vie un rêve enchanté ? Jeunesse, fortune, beauté, intelligence ; tout ce que l’homme peut dési rer se trouvait réuni dans l’association de ces deux êtres privilégiés, que la nature, ordinai rement avare de ses dons, semblait avoir créés l’un pour l'autre, dans une heure d’ex ceptionnelle gén érosité. La jeune femme avait bien pleuré le jour du départ, de ce déchirement violent, qui la laissait presque désespérée. Mais elle réagit bientôt contre cette pre mière impression. Toutes ses craintes, elle les avait communiquées à Li-Y et les douces paroles de son mari Pavaient bien vite calmée. Il était si ému, en la consolant, si plein de tendresse vraie, si sincère dans l’expression enthousiaste de son amour, et si noblement indigné des soupçons qu’elle faisait paraître 1 Douter d’un pareil homme, douter de l’élo quence qui jaillissait d’un tel cœur, douter de son serment et de ses larmes, c’était presque un crime. Aussi, le lendemain déjà, la pauvre enfant avait-elle recouvré toute sa sérénité ! Sûre de l’avenir, elle reprochait aux journées de s’en voler trop lentement, au gré de ses désirs. Le terme que Li-Y lui avait assigné marquait la fin de souffrances légères, qui s'envoleraient _____ • Reproduction interdite....