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Le Temps, 27 septembre 1884

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Le Temps
27 septembre 1884


Extrait du journal

des tremblements de terre ; est-ce que ton docteur a jamais rien vu de pareil ? Et je me tirais d’affaire grâce au rhum, au rhum tout seul. Le rhum était mon pain, mon vin, mon pays, mon ami, mon tout. Et maintenant que me voilà sur le flanc, comme une pauvre vieille carcasse de navire, on voudrait me priver de rhum 1... Si tu prêtais la main à une chose pareille, Jim, ce serait m’assas siner, ni plus ni moins. Mon sang retomberait sur ta tête, tu peux en être certain, et sur celle de ce veau marin de docteur... Ici tout un chapelet de jurons assortis. Puis, sur un ton dolent : — Vois, mon petit Jim, comme mes doigts trem blent. Je ne puis même pas les tenir en place... non, je ne puis pas... Dire que je n’ai pas encore eu une goutte, de toute la journée!... Ce docteur , est un idiot, crois-moi. Si tu ne me donnes pas un coup de rhum, je deviendrai fou, voilà tout. Je sens déjà que ça commence. J’ai des hallucinations. ! J’ai vu le vieux Flint, dans ce coin, derrière toi... Je l’ai vu, comme je te vois... SI cela me prend, ; dame, je ne réponds plus de rien. — Or fera fia moi ' un vrai Gain, là... D’ailleurs, votre satané docteur a dit lui-même qu’un verre ne me ferait pas de mal... Je te donnerai une guinée d’or pour ce verre, Jim... .. II se montait de plus en plus, et cela m’effrayait pour mon père, qui était bien bas ce jour-là et avait besoin de repos. D’autre part, le docteur avait bien dit qu’un seul verre de rhum ne ferait pas de mal au Capitaine. J’étais seulement offensé qu’il es sayât de me corrompre à prix d’or. — Je ne vous demande pas votre argent, lui dis-je, hors celui que vous devez à mon père. Quant à du rhum, je vous en donnerai un verre, mais pas plus, entendez-le bien... Quand je l’apportai, il le saisit avidement et le vida d’un trait. — Ah !... fit-il, cela va déjà mieux, je t’assure. Et maintenant, camarade, dis-moi un peu combien de temps le docteur prétend que je reste couché sur ce vieux cadre?... — Une semaine au moins, lui dis-je. — Tonnerre!... une semaine!... c’est impossi ble 1 cria-t-il. D’ici là, ils m’auront envoyé la mar que noire... Les voilà déjà qui rôdent autour de moi, les marsouins ! Tas d’imbéciles, qui n’ont pas su garder ce qu’ils avalent ! Il leur faudrait la part des autrçs, maintenant. Est-ce ainsi que se com portent de vrais lurons, je le demande ? Que ne faisaient-ils comme moi? que ne gardaient-ils leur argent, au lieu de le jeter par les fenêtres?... Mais je leur jouerai un tour de ma façon, ils peuvent y compter. Croient-iis me faire peur? J’en ai dépisté fie plus malins.......

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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