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Le Temps, 28 août 1911

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Le Temps
28 août 1911


Extrait du journal

jouir d’un spectacle ingénieux pourrait objecter que l’intervention du diable retarde la chute pré vue au lieu de l’accélérer. Mais c’est justementee retard qui nous montre d’une façon drama tique et brillante la lutte de l’homme et de la femme qui veulent s’unir, mais ne capitulent pas au premier appel. Et ce retard est rendu piquant par toute une série de traits spirituels et comiques, par des scènes bien tournées, des observations fines. : On dit avec raison qu’au théâtre ce n’est pas le premier succès qui est décisif, mais le second ou le troisième. François Molnar a subi ces épreuves successives. Sa pièce Liliom, la vie et la mort d'un vagabond a révélé des côtés nouveaux de son tempérament prime-sautier. Tout récemment il a remporté un triomphe qui a dépassé les frontières hongroises avec sa co médie le Garde du corps, jouée en Allemagne eten Angleterre où elle produisit un effetextraordinaire. Dans cette pièce encore il s’agit de la fidélité conjugale. Le problème est posé d’une manière assez, inattendue. Deux artistes drama tiques, le mari et la femme, sont en scène. Lui est toujours amoureux, mais elle, dont le passé fut quelque peu orageux; lui témoigne déjà un peu de froideur. , Le comédien s’aperçoit que sa femme a un faible pour les beaux officiers ; alors l’idée lui vient de se revêtir d’un uniforme, et dans cet équipage de lui faire la cour. Notre froide raison s’insurge devant une telle invention ; il nous semble presque impossible qu’une femme, une actrice ne reconnaisse ■ pas. sous, un déguisement son mari, quelle que soit la virtuosité avec laquelle il. s’acquitte de son rôle. Mâis cette objection1 tombe* devant ie ré sultat. La force de suggestion du poète nous donne pour un temps l’illusion nécessaire ; la vie réelle et la vie théâtrale se mêlent si étroite ment dans sa pièce qu’eLlé captive justement par ses côtés les plus invraisemblables. L’au teur a combiné un décor ravissant : le second actese passe au fond d’une loge d’Opéra ;et tan dis que devant la rampe se poursuit l’épreuve de la fidélité de l’épouse, on entend comme accompagnement en sourdine le. deuxième acte de la Vie de bohème de Puccini, avec les soli et l’orchestre. Cet accompagnement ne gêne pas le dialogue ; il éveille la sensation voulue de rêve et de trouble voluptueux. Cette trou vaille de mise en scène est soutenue par un dialogue spirituel, étincelant. Quand l’actrice résiste, le mari rayonne de joie, quand elle hé site, il est hors de lui ; à la fin de l’acte on lui accorde un baiser — il ne veut pas se « trahir lui-même » davantage. Le lendemain dans l’après-midi, à l’heure convenue, lorsque la femme attend l’officier de...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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