Extrait du journal

Hier s'est ouverte, à Rome, la première session du Parlement italien. C'est au milieu des acclamations populaires que le roi Victor-Emmanuel est allé prononcer à la Chambre le discours inaugural destiné à constater le couronneVment définitif de l'unité italienne. Ce discours se ressent nécessairement des circonstances exceptionnelles dans lesquelles il s'est produit. Le début n'en est pas sans élévation; le caractère général en est la satisfaction et la sérénité. L'Italie a été, en eftet, jusqu'ici l'enfant gâté de la Fortune; l'aveugle déesse l'a prise parla main, et tout lui a servi pour • marcher à son but, même ses défaites. Il n'est pas jusqu'à celte dernière et difficile épreuve du conflit fatalement engagé entre elle et la papauté qui ne paraisse devoir être heureusement surmontée. Ce n'est sans doute pas sans raison que le monarque italien a pu dire « Ayant reconnu l'indépendance absolue de l'autorité spirituelle, nous pouvons être convaincus que Rome, capitale de l'Italie, continuera à être le siège pacifique et respecté du pontificat. » On asisure, en effet, que tous les projets de départ, dont il a été si souvent question ces jours passés, auraient été abandonnés au Vatican, et que le pape serait déicidé à ne pas quitter Rome. Le gouvernement de Victor-Emmanuel semble d'ailleurs disposé à traiter avec tous les ménagements possibles cette question délicate des corporations ecclésiastiques, qui touche si vivement le chef de la catholicité c'est dtPmoins ce qu'indique le passage de là harangue royale qui se rapporteà ces matières. Un autre passage du discours qui mérite d'être également relevé, est celui où le roi constate que, grâce à la fermeté de ses résolutions et à la modération de ses actes, l'Italie a pu achever son unité sans altérer ses relations amicales avec les puissances étrangères. Enfin, un dernier point à signaler, est l'allusion que Victor-Emmanuel a faite à la nécessité d'une transformation dans les partis politiques constitutionnels de la péninsule. Ce changement semble désormaisinévitable; c'était là question de Rome et des moyens d'y arriver, puis de s'y installer définitivement, qui leur avait servi jusqu'ici de principal champ de bataille; cette question est aujourd'hui résolue. Les partis auront donc à se reconstituer sur d'autres bases et à renouveler leurs programmes....