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Le Temps, 30 mai 1940

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Le Temps
30 mai 1940


Extrait du journal

La .situation nouvelle créée par la capitulation du roi Léopold III est grosse de conséquences politiques .autant que militaires. On connaît maintenant les circonstances dans lesquelles ^s'est produit cet événement tragique, et l'on peut fixer, sans craindre de se tromper, les effroyables responsabilités assumées par le roi des Belges, agissant d'autorité, contre l'avis unanime de son gouvernement, contre le sentiment- de l'immense majorité de son peuple et capitulant, sans conditions, en rase campagne* sans même en avertir le haut commandement des opérations en Flandre, sans égard pour la. situation critique dans laquelle il plaçait ses. compagnons d'armes français et anglais-. L'esprit demeure profondément troublé quand on se rappelle qu'il y a moins de trois semaines c'était le roi Léopold III lui-même qui faisait un pressant appel à l'aide française et britannique, qu'aux premiers jours de l'agression il adressait à son peuple une ^proclamation dans, laquelle, constatant que, pour la deuxième fois en un quart de siècle, la Belgique, était attaquée par l'empire allemand au mépris des engagements les plus solennels, il disait : « La lutte sera dure, mais nul ne peut douter de son résultat final. Gomme mon père en 1914, je me suis mis à la tête de l'armée avec la même foi et la même confiance. » Le roi Albert, acculé à l'Yser, au dernier lambeau du territoire national belge libre, n'a jamais songé.à capituler, ç?a. s donné à son armée Tordre dé, se Rendre avant même? d'avoir été vaincue. Élans un message qu'il adressa le 11 mai au président Roosevelt, Léopold III demandait à ce dernier de soutenir de son autorité morale « les efforts que nous sommes fermement décidés à faire, disait-il, pour préserver notre indépendance ». On sait aujourd'hui ce qu'il en est de ces efforts, et comment le roi a livré son armée et son pays à l'envahisseur....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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