Extrait du journal

C'est le nom que Léopold III portera dans l'histoire. Pour les générations à venir, il sera le roi-félon, comme son père demeurera à jamais, pour elles, le roi-chevalier. Ce jeune souverain, qui n'avait jamais inspiré grande sympathie à son peuple, mais auquel : celui-ci faisait imprudemment confiance, malgré tout, parce que le fils bénéficiait de la vénération vouée à son illustre père, a trahi son pays, son peuple, ses alliés, a plongé dans le deuil et la honte une nation qui avait jusqu'ici la juste fierté d'une loyauté jamais en défaut, la claire conscience de son devoir toujours honnêtement accompli envers elle-même et envers les autres. La trahison en pleine bataille est maintenant clairement établie par les courageuses déclarations officielles du premier ministre de Belgique, par les précisions fournies par des membres du gouvernement et par d'éminentes personnalités belges absolument dignes de confiance. L'abandon cynique des alliés qu'il avait lui-même appelés au secours, l'acte inqualifiable commis contre la volonté de son gouvernement unanime, contre l'homneur de ses soldats et de son pays, apparaît désormais dans toute la cruelle clarté de son abominable aspect. C'est ce qui explique que, dans une explosion de colère et de révolte bien compréhensible, personne nie juge plus sévèrement que lés Belges eux-mêmes celui qui hier était roi des Belges....