Extrait du journal

Notre mamejQarcbanile M. Charles Roux constate, dans son rapport sur le budget du ministère du commerce et de l’industrie, que notre marine marchande se meurt. C’est triste, mais c’est vrai. Des économistes profonds disent que c’est la faute du caractère français, lequel s’est profondément modifié de puis la moitié de ce siècle. L’esprit des aventures nous a quittés, paraît il, et nous n’aimons plus à ris quer ni notre argent ni notre existence dans des entreprises lointaines. Nous nous contentons de ce que nous avons, et, loin de pousser nos enfants à courir le monde, nous les retenons au foyer. D’où une génération molle, sans ressort, qui déteste changer de place, qui ne voyage pas même en France et, à plus forte raison, a horreur de quitter le sol français. Est-il bien sûr que nous soyons ainsi dégénérés et que les viriles tra ditions d’autrefois soient aussi complè tement éteintes chez nous ? Eh bien ! nous ne le croyons pas, et M. Charles Roux ne le croit pas non plus. Et, si nous avons abandonné les saines aventures, si notre commerce maritime a baissé si lamentablement qu’on peut prévoir qu’il sera dans quelques années à presque rien, ce n’est point qu’il manque en France des matelots, ni des constructeurs de navires, ni des commerçants désireux de trafiquer et pour eux et pour la prospérité nationale. La vérité est que la principale cause de la décadence de notre marine mar chande, laquelle est sur le point de tomber au dixième rang, est une cause tout administrative. Oui, l’administration a mis tout en œuvre pour tuer d’une main cette pau vre marine marchande à laquelle elle donne de l’autre main des primes d’encouragement. Elle est idiote, notre administration, car elle lie les pieds et les mains à nos armateurs et leur rend la vie absolu ment impossible. Ce ne sont que règlements absurdes, entraves ridicules et exaspérantes, obligations intelligentes leur faisant perdre un temps précieux et augmen...