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L’Écho de Paris, 9 avril 1895

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L’Écho de Paris
9 avril 1895


Extrait du journal

FORMALITÉS Une femme (elle se présente à un des bu reaux de l'Assistance publique). — Je dési rerais avoir des nouvelles d'un enfant qui a été remis à l'Assistance publique. L'employé . — A quel titre ? La femme. — Je suis sa mère. Voici mes papiers et lç nom de l'enfant. L'employé. — C'est parfait. Vous aurez de ses nouvelles dans trois mois. La. femme. — Trois mois ! L'employé. — Je suis assez bon pour vous expliquer que nous n'avons le droit, à l'As sistance publique, de donner des nouvelles de nos pensionnaires que tous les trois mois. Il y a une loi de 1811... La femme. — Se porte-t-il bien, au moins ? L'employé. — G'ést possible. La femme. — Est-il malade ? L'employé. — Je ne dis pas non. La femme. — Ah 1 mon Dieu! gravement? L'employé (consultant une liste du coin de l'œil). — Tout arrive. La femme. — Mort... peut-être? L'employé. — Rëvenez dans deux mois et vingt et un jours, vous le saurez exactement. . La femme. — Je ne vous demande qu'une chose, Monsieur. Mon enfant vit-il encore? L'employé". —L'a loi.de 1811... La femme. — Vit-il, oui ou non? L'employé. — La loi de 1811, dis-}e,— et je ne veux plus vous le répéter, — fixe à trois mois le délai... La femme.—Je vous en supplie, Monsieur... L'employé {attendri). — Vous tenez à ce que je viole la loi ? La femme. —Oui... Oh! oui !... L'employé. — C'est grave, mais enfin, pour une fois... (Se recueillant :) Votre enfant, Ma dame, est décé4é depuis huit jours. " La femme. — Oh! L'employé. — Mais il ne faut pas le dire, vous me feriez attraper. Car si, en réalité, vous n'avez plus aucune chance de revoir vo tre enfant, il ne sera vraiment mort que dans deux mois et vingt et un jours... A cette épo que, conformément aux prescriptions de la loi de 1811, je vous aviserai de son décès. GRAINDORGE. ' Nous commencerons prochainement la publica tion d'un roman de JEAN RAMEAU intitulé L'AMANT HONORAIRE 11 n'est pas busoin de présenter Jean Hameau à nosiecteurs. On sait que le poète de. la Chanson des étoiles et de Nature est l'auteur de plusieurs romans à succès; qu'-rl'nouj suffise de rappeler la Rose de Grenade, la Chevelure de Madeleine, Yan, Possédée d'amour... L'Amant honoraire charmera sûrement nos lecteurs. C'est un roman gai d'un bout à l'autre....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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