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L’Écho nogentais, 31 décembre 1911

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L’Écho nogentais
31 décembre 1911


Extrait du journal

NOUVEL AN —0— A L’AMI LECTEUR Toc ! Toc! C’est votre journal, le confi dent, l’ami attendu qui vient à vous, ami lecteur, à l’heure régulière dont son appa rition a fait une heure définie de votre journée. Aujourd’hui surtout, il est le moins désagréable des visiteurs, il ne vous rappellera aucune des obligations mondaines de ce jour néfaste où votre ennui est fait de la joie des autres, car il est aussi philosophe que M. Scribe et il sait que le premier qui s’avisa de dire : « Les petits cadeaux entretiennent l’ami tié », voulait évidemment se faire don ner quelque chose. Aussi il est de ceux qui donnent et non de ceux qui reçoivent; il fait même mieux; il sedonne lui-même; il est le pélican de l’amitié. Ce que vous voulez, il le veut; il sait vos idées sur toutes choses et il en est VEcho. Il dit tout haut, sur la place pu blique, ce que vous pensez tout bas en votre for intérieur. Il sait même ce que vous ne vous avouez pas, et comme vous êtes un sage, et un optimiste de tempéra ment bien français, vous serez le premier à sourire quand il constatera à vos pro pres yeux qu’il vous ressemblait comme un frère, qu’il ressemblait à nous tous celui qui, tombant du haut du clocher de son patelin et se trouvant fort mollement en l’air, disait : Bon, pourvu que cela dure! C’est de la politique, cela ; nous tom bons tous du clocher, mais, par bonne fortune payée seulement un peu cher, nous savons désormais ne pas prendre la politique trop au tragique en notre bon pays de France. Si tout n’est pas pour le mieux dans la meilleure des patries pos sible, nous nous consolons assez aisément du passé et même du présent, des feuilles d’automne que nous traînons sous nos pieds, jaunies et desséchées, en nous rap pelant que, vertes et luisantes, elles ont ombragé nos têtes, et qu’elles repousse ront, au bout du compte, le printemps prochain. Pensons au printemps... S’il y a du tumulte au forum, les tambours et les trompettes de nos enfants en joie, suffi ront pour aujourd’hui à en couvrir le bruit. Pensons au printemps qui viendra ensoleillé et fleuri balayer d’une brise embaumée les mauvais souvenirs du passé. Que l’an qui vient vous soit clément, ami lecteur, que le bonheur prenne votre maison pour asile. C’est le souhait que de tout cœur nous formons aujourd'hui pour vous....

À propos

Lancé en 1845, L'Écho nogentais était un journal hebdomadaire publié à Nogent-sur-Seine. Soumis au silence pendant la Seconde Guerre mondiale, le journal réapparaît à partir de 1947. Il cesse de paraître en 1956.

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