Extrait du journal

contraire qui s est produit. On détruit les fruits de la terre et on restreint vo lontairement la fabrication, plutôt que de laisser baisser les prix jusqu’au point où ils deviendraient accessibles à ceux qui se trouvent dans le besoin. Et si les voyages sont faciles, si les nouvelles se propagent en un instant d'un continent à l’autre, le résultat est que personne ne peut plus faire un gest » sans alerter le monde entier. Le réseau des voies fer rées, des lignes maritimes ou aériennes, des transmissions par télégraphe, télé phone ou T. S. F., couvre et enserre le globe terrestre de ses mailles serrées où parfois des messages de paix circulent, mais bien plus fréquemment des mena ces et des défis, car la concurrence du commerce et de l’industrie s exaspère, et un mauvais gouvernement ne craint pas de mener son peuple à la guerre, pour le réduire au silence. Et alors, comment localiser le conflit ? « A l’aube, c’était une guerre coloniale qui s'allumait. Avant le soir, c’est tout l’univers qui menace de prendre feu. » 11 est certain que les conditions de l’existence sont aujourd’hui devenues fort difficiles, et qu’on a rarement été moins sûr du lendemain. Faut-il donc perdre tout espoir, et renoncer, comme l’a dit un jour Renan, à se mêler des affaires de cette pauvre humanité ? En aucune façon, car le bonheur ne con siste pas uniquement à se bien porter, et avoir chaque jour sa pitance assurée. Le bonheur est dans l’esprit, et Pascal a bien vu que « toute la dignité de l’homme consiste en la pensée ». C est le sentiment de cette dignité qui nous élève au-dessus des événements et donne un sens à notre vie. Mais pour l’obtenir il faut à tout homme le loisir et le moyen de cultiver et développer sa pensée. Elever l’intelligence humaine, partout où elle se rencontre, sans que la naissance ni la condition sociale y puisse faire obstacle, tel est le but que nous devons atteindre, et s il est éloi gné encore, on ne peut dire que dans cette direction il n’y ait pas de progrès....