Extrait du journal

Nous avons indiqué, hier, que le pro blème de notre dette envers les EtatsUnis était passé de la phase sentimen tale à la phase réaliste. Cette vérité heurte le sentiment public français, égaré par les prestidigitateurs du nationalisme qui. après nous avoir affirmé que Y Allemagne paierait, pro mirent que la France ne paierait rien du tout. Aujourd’hui, l’heure des illusions est passée, l’heure de l’échéance est venue. On invoquera en vain des arguments nobles, on cherchera en vain à provo quer des controverses de comptabilité. La note est là. présentée peut-être avec quelque brutalité, mais il faut l’acquit ter. Avouons franchement que nous n'avons rien gagné à tenter d ouvrir un contentieux, quand il eût fallu ouvrir i une négociation. Quand nous demandons, par exemple, i la révision des marchés passés au titre i de la liquidation des stocks, nous fai- ; sons œuvre inutile. Les Américains ne sont vraiment pas responsables du fait que les dirigeants ! du Bloc national ont été assez maladroits ! pour livrer à des courriers marrons un I capital précieux, qui fut gaspillé dans j des conditions assez extravagantes. La vérité est que les Américains nous i ont aidé en une heure difficile de notre I Histoire, et que nous ne devons pas, i maintenant que cette heure est enfuie, j faire figure, devant eux. de chicaniers ou de débiteurs récalcitrants. Nous ne devons pas payer les yeux fermés, mais nous ne devons pas. non plus, payer les yeux chargés de haine. Avant I9I4, nous étions un peu les ban quiers du monde. Nous sommes deve nus, désormais, ceux dont le monde s’est fait le banquier. Gardons, devant C2 retour de fortune, et notre dignité, et notre sérénité. Ne laissons pas croire qu'une question d’argent peut empêcher la France de rester fidèle à sa tradition. Là est le devoir, là est aussi l’intérêt. On s’étonne que la livre monte avec cette rapidité, alors que notre pays four nit un effort fiscal considérable. On oublie que, tant que nous serons une nation débitrice, nous serons une nation contrôlée et, par conséquent, soupçonnée. Or, la stabilité d'une devise repose sur la pérennité de la confiance l’étranger accorde au peuple dont...