Extrait du journal

Nous eûmes une grande émotion. C'était fête, lundi, à L'Université des Annales. Edmond Rostand y est venu lire son Cantique de l'Aile et ses sonnets sur l'aviation... Une salle enthousiaste a écouté ces vers inspirés. Auparavant, M. Edouard Herriot, dans une éloquente causerie, avait expliqué, défini l'oeuvre de Rostand, montré le caractère essentiel de cette oeuvre, sa remarquable unité. Depuis près de vingt ans, elle se développe dans le même sens, tend aux mêmes fins, prêche la même foi. Elle a été bienfaisante, annonciatrice de temps nouveaux. Elle a semé le grain que nous voyons germer aujourd'hui. La jeune génération lui doit son beau sursaut de vaillance, son réveil. Les poètes, ceux qui ne sont pas uniquement des joueurs de flûte et des dilettantes, exercent un rayonnement dont l'action lente et profonde • ranime la conscience endormie de l'humainité. Il y a des arts qui corrompent et débilitent, qui enseignent le doute, le scepticisme, l'inquiétude, nient l'efficacité de l'effort. Au contraire, l'art de Rostand soutient, stimule, affermit la volonté... Parcourez ses ouvrages, respirez le souffle qui les traverse, c'est toujours un souffle vivifiant. Partout où il a mis des symboles, ces symboles nous disent la mâle joie de lutter, d'avoir un idéal, de le défendre, de s'immoler à lui s'il le faut. Ils ne nous enlèvent pas le goût de vivre, ils nous font aimer la vie......