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Paris, 2 mars 1884

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Paris
2 mars 1884


Extrait du journal

L’Angleterre se lasse d’être minée par l’Amérique ; la patrie de tous les réfu giés se plaint de la tolérance des EtatsUnis à l’égard des réfugiés irlandais. Les derniers attentats de Victoria station, de Charing Cross et de la gare de Paddington ont comblé la mesure, et lord Granville vient de faire adopter par ses collègues le projet de demander formel lement au cabinet de Washington que des mesures soient prises contre les fenians. Le fait est que la situation actuelle doit sembler intolérable à une grande nation civilisée. Que se passe-t-il ? Au delà de l’Atlantique, les exilés ou les émigrés originaires de « l’île sœur » complotent ouvertement contre l’Angle terre. Ils ouvrent des agences de recrute ment sous cette enseigne significative, qui rappelle le double assassinat de Pliœnix-Park : Numéro Un et C°. Ils fabri quent de jolies petites machines, dont les rouages délicats ont pour but de presser à heure fixe la détente d’un pistolet. Sou a le chien de ce pistolet, ils placent une amorce, et tout autour, dans une valise d’apparence inoffensive, ils disposent de formidables cartouches de dynamite. Puis un voyageur à l’aspect débonnai re se met en route, emportant avec mille précautions le colis précieux. Sur le point d’arriver à Londres, après une heureuse traversée, il ouvre son bagage, remonte son mécanisme, referme soi gneusement l’enveloppe de cuir et oublie le tout dans un coin de la gare. Deux ou trois heures après, une explo sion terrible se produit, des pans de mur sont détruits, des passants sont tués, brûlés, réduits en bouillie, — à moins qu’un employé courageux, ayant entendu un bruit suspect d’horloge qui venait du monceau des malles, n’ait, au risque de sa vie, découvert et saisi l’objet sus pect et ne l’ait mis en lieu sûr. Une fois, cela a « réussi », à Victoria station. Deux fois, le coup a manqué. Lord Granville trouve qu’en voilà bien assez, et un de nos amis nous envoie de Londres la dépêche suivante : Londres, 59 février. Lord Granville a eu aujourd’hui une longue conférence avec le chargé d’affaires américaiu. On dit que l’entrevue a été orageuse. A sa suite, une longue dépêche chiffrée a été expédiée au représentant du gouverne ment anglais près le cabinet de Washington. Dans une consultation qui a eu lieu entre les principaux ministres dans le cabinet de M. Gladstone, h la Chambre des communes, il aurait été arrêté en principe qu'une note di plomatique serait adressée au gouvernement américain pour exiger de lui des poursuites contre la faction américo-irlandaise qui or ganise sur le sol américain les complots qui éclatent ensuite à Londres. En cas d’insuccès, le ministère serait cette fois bien résolu à saisir les cabinets euro péens de la question et à provoquer une en tente devant laquelle il faudrait bien à la tin que l’Amérique cédât. Il est certain que les progrès accom plis par la mécanique et par la chimie ont considérablement modifié les conditions...

À propos

Fondé en 1881 par Charles Laurent, Paris fut d'abord un quotidien gambettiste, avant de devenir tout simplement opportuniste. En 1888, le journal attaque avec violence le Crédit Foncier, lequel le rachète immédiatement dans le seul but de le faire taire. À la suite de quoi le directeur du journal démissionne, pour fonder Le Jour. Le nouveau directeur Raoul Cavinet, d'une moralité douteuse, sera impliqué dans les années qui suivent dans plusieurs affaires de chantage et de fraude. Il abandonnera son poste, et le titre avec lui, en 1895.

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