Extrait du journal

11 parait qu’on ne peut pas, en plein dix-neuvième siècle, dire la messe chez soi sans autorisation du gouvernement! C’est bizarre, mais c’est ainsi. L’Etat, qui se déclare neutre, avec grande raison, au milieu des confessions religieuses et des croyances philosophi ques de toutes les écoles, l’Etat a cepen dant conservé le droit — et il en use, — d’empêcher un simple particulier ou un ecclésiastique commis à cet effet de plier le genou devant un autel privé. Il semble que pour aboutir un jour à la séparation des églises et de l’Etat, il serait prudent et sage d’autoriser les croyants à se procurer, à leurs frais, dans leurs demeures, tous les éléments des cérémonies religieuses où leurs âmes se complaisent. Nous ne voyons pas quels dangers de semblables pratiques pour raient faire courir à l’ordre politique et social. — Néanmoins, on n’y a pas encore songé. Les préfets à la demande desquels un ministère a frappé de suspension de traitement et de « mise à pied » un des servant d’église, peuvent poursuivre cet ecclésiastique jusque dans les chapelles non autorisées construites dans le clos d’un bourgeois. C’est pourquoi une petite émeute, malheureusement suivie de deux meur tres, vient de se produire dans l’Isère, à Châteauvillain. On trouvera plus loin les détails de cette affaire, qui va être violemment exploitée pur les divers partis politiques en présence. Pour notre part, si la liberté absolue fa nous effraie nas et si nous sommes...