Écho de presse

Le Chat noir, cabaret mythique de la Belle Epoque

le par

Affiche pour la Tournée du Chat noir, Théophile Alexandre Steinlen, 1896 - source : Gallica-BnF

C'était le lieu de rendez-vous de la bohème artistique parisienne. Ouvert en 1881 au pied de la butte Montmartre, le joyeux Chat noir de Rodolphe Salis eut les honneurs de la presse, intriguée par ce cabaret d'un genre nouveau.

Le 8 décembre 1881, Le Figaro écrit :

« Le boulevard extérieur, en bas de Montmartre, possède une nouvelle brasserie artistique décorée à la Louis XIII, comme c'est la mode actuelle, et intitulée le Chat noir. » 

Quelques lignes qui signent l'acte de naissance d'un lieu mythique. Le Chat Noir, fondé par Rodophe Salis (un ancien fabricant d'objets de piété destinés à être vendus dans le quartier Saint-Sulpice), et qui allait bientôt devenir le cabaret le plus couru de la bohème artistique de Paris.

Situé au 84, boulevard de Clichy, dans le 18e arrondissement, il n'est d'abord constitué que d'un minuscule local au décor sommaire. Mais Salis va décider d'en faire un lieu artistique : sa rencontre, peu de temps auparavant, avec Émile Goudeau, fondateur du Cercle des Hydropathes, lui permet d'attirer au Chat Noir toute une faune d'écrivains, de poètes et de chansonniers qui feront la réputation du lieu.

D'emblée, la liste est longue, des artistes qui se pressent chez Salis : Charles Cros, Théodore de Banville, Barbey d'Aurevilly, Alphonse Daudet, Léon Bloy, Alphonse Allais, Villiers de l'Isle-Adam, Jean Lorrain pour les écrivains, Willette, Caran d'Ache, Steinlen ou Robida pour les dessinateurs, et bien sûr, Aristide Bruant, le célèbre chansonnier montmartrois, qui composera une ballade sur le cabaret.

Certains d'entre eux vont participer à la revue fondée dans la foulée par le maître des lieux, également baptisée Le Chat noir [à lire sur Gallica]. Tous rivalisent d'insolence et d'inventivité au cours de soirées organisées comme de véritables « happenings » avant la lettre, où l'alcool et les bons mots coulent à flots.

En octobre 1882, le cabaret a les honneurs du Constitutionnel, qui le présente comme le lieu de rendez-vous des « incohérents », amateurs de « bizarre » et autres excentriques  :

« C'est au cabaret du Chat noir (enseigne inspirée d'Edgard Poë), sur les hauteurs de Montmartre, que se réunissent les incohérents.

Le “patron” de l'établissement est lui-même une personnalité bizarre. Rodolphe Salis – c'est son nom – est en même temps, peintre et littérateur ; peintre, il a signé quelques jolis tableaux ; littérateur, il s'est improvisé directeur d'un amusant et pittoresque journal charivaresq...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.