Écho de presse

Benny Goodman, le roi du swing

le 30/05/2018 par Pierre Ancery
le 21/06/2016 par Pierre Ancery - modifié le 30/05/2018

Parmi les big bands de jazz les plus populaires des années 30, il y a celui de Benny Goodman. Un journaliste de Paris-Soir raconte un de ses concerts à Broadway.

Ce 8 mars 1939, alors que la rumeur des bruits de bottes ne cesse d'enfler en Europe, ce sont des rythmes bien différents qui intéressent Claude Blanchard, l'envoyé spécial à New-York de Paris-Soir. Ce qu'il est venu voir et entendre sur place, à Broadway, c'est le swing, cette variété de jazz qui fait fureur aux États-Unis depuis son apparition, au début des années 30.

 

Voici sa description du quartier qui est alors le centre nerveux de la vie nocturne new-yorkaise :

 

"Broadway n'a jamais fini d'étonner l'esprit par son épouvantable brutalité et sa poésie désespérée. Jamais il ne s'allume, car il brûle nuit et jour au chevet d'une ville qui s'agite, harcelée par un rêve, dans lequel elle distingue la vie comme un perpétuel combat. C'est plutôt le soleil qui s'éteint. Alors, il n'y a plus de ville alentour, plus de nuit, il n'y a que Broadway, effarant, tout seul, comme un bivouac au milieu d'un désert."

 

C'est alors le règne des big bands, ces formations jazz dont Duke Ellington ou Count Basie sont les stars. Parmi les grands noms du genre, il y a aussi Benny Goodman, surnommé le « roi du swing » : ce clarinettiste de génie fonda, en 1934, un big band qui allait devenir l'un des plus populaires de l'époque. Et ce soir-là, c'est à un de ses concerts que le journaliste a le privilège d'assister.

 

"Sur la scène, Benny Goodman, le roi du « swing » — successeur dégénéré du jazz — déchaînait, dans les cuivres, les hurlements d'une ménagerie en feu. Benny Goodman est une des « hautes lumières » de Broadway. Il est drôle de le voir, au milieu de cette éruption musicale, vêtu d'un veston blanc et d'un pantalon noir. Pas un trait de sa figure ne bouge et, lorsque le vacarme atteint son maximum, il demeure immobile, défiant la tempête, rajustant posément ses lunettes, comme s'il présidait un conseil d'administration, et battant la mesure d'un geste bref de son index. Quand il a fini, pour se reposer, Benny Goodman s'en va dans les concerts classiques jouer, avec le plus grand talent, du Bach et des solos de Couperin !"

 

Auteur de nombreux standards (« Sing Sing Sing », « Take A Chance On Love »...), Benny Goodman allait continuer à jouer et à enregistrer toute sa vie. Il meurt en 1986, à l'âge de 77 ans.