Écho de presse

Plus de grec et de latin au bac !

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 10/06/2016 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Écoliers serbes au lycée Lakanal ; Agence Rol ; 1916 - Source BnF

En 1884, un éditorialiste propose de revoir entièrement le programme du baccalauréat. Et de commencer par évacuer le grec et le latin...

De toutes les institutions françaises, le baccalauréat est l'une de celles qui a subi le plus de réformes. D'abord réservé à une élite masculine, il s'est peu à peu généralisé et a vu son programme considérablement modifié au fil des ans. Ce qui ne l'empêche pas d'être, aujourd'hui encore, souvent critiqué : on le dit trop cher, on l'accuse d'être bradé. Certains lui reprochent carrément d'être inutile...

 

En réalité, à chaque époque, la question de son contenu et de sa légitimité a provoqué de multiples remous. Et ce depuis le XIXème siècle, qui l'a vu naître (c'est Napoléon qui l'a instauré en 1808). Un exemple parmi d'autres : dans Le Petit Journal du 7 novembre 1884, l'éditorialiste Thomas Grimm s'interroge. Les épreuves du bac, et en particulier celles de grec et de latin, sont-elles vraiment en phase avec les besoins de la société ?

"À quoi servent le grec et le latin ? Oui, je sais ; les origines de l'humanité : le génie antique ; Homère, Virgile, Horace, Démosthène, Cicéron, Sophocle, Euripide, nos grands aïeux. Très bien, mais qu'est-ce que vous voulez qu'en fasse un futur notaire ou un fabricant de filés-coton de l'avenir ? Je voudrais pouvoir consulter les cinq ou six cent mille bacheliers ès-lettres qui sont répandus dans les différents départements français. Je doute qu'il y en ait mille, — à part les professeurs dont c'est le métier, — qui, à trente ans, sachent encore lire le grec et comprennent le latin. Sur ces mille, combien seraient capables, à trente ans toujours, de repasser honorablement leur examen de baccalauréat ?" 

Une diatribe surprenante quand on sait qu'à l'époque, le latin et le grec n'étaient pas loin de constituer le cœur de l'enseignement de la jeunesse française... Mais alors, par quoi les remplacer ?

"En économisant le temps perdu à ânonner le grec et le latin, nous pourrions étudier la langue française et la connaître à fond. [...] Nous apprendrons l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien, qui nous sont absolument nécessaires [...]. Nous apprendrons dès l'enfance que nous avons un rôle à remplir, et nous nous intéresserons à ce qu'on nous apprend, parce que l'on nous en montrera l'utilité."