Chronique

Comment le Parti communiste chinois est-il né ?

le 08/11/2019 par Pierre Haski
le 19/10/2017 par Pierre Haski - modifié le 08/11/2019
Mao Zedong, dirigeant du PCC du 1943 à 1976 - source : BNF-RetroNews

Le journaliste Pierre Haski revient sur la création du Parti communiste chinois en 1921, le rôle de Mao dans la Révolution, les relations entre les communistes français et chinois, et l'alliance entre l'Union soviétique et la Chine.

RetroNews : En 1921, le Parti communiste chinois (PCC) est créé par une poignée de militants, dont Mao.

Pierre Haski : C'est un événement majeur car cela arrive très tôt dans l’histoire, à peine 4 ans après la Révolution russe. La Chine est alors porteuse d’espoirs révolutionnaires. La raison pour laquelle Mao n’est pas au cœur de l'histoire au début, c’est qu'il est porteur d’une idée qui n'est pas acceptée tout de suite, qui est que la Révolution en Chine viendra des campagnes. Pour les vrais marxistes-léninistes, au contraire, la Révolution ne peut venir que du prolétariat, de l’industrie. Sauf que la Chine à l’époque est rurale. Mao mettra beaucoup de temps à imposer sa vision. Il est notamment très critiqué lorsqu'il écrit un rapport sur la condition paysanne dans sa province natale, où il explique que l’espoir est là, dans les campagnes.

Depuis, on a réécrit l'histoire et surestimé le rôle de Mao : il y a un musée à Shanghai avec une pièce à la manière du musée Grévin dans laquelle des personnages en cire sont assis autour d’une table, et le seul debout en train de parler c'est Mao. Or, il n'était pas encore le leader qu'il est devenu et n'a joué alors qu'un rôle mineur dans la fondation du PCC.

Quel est alors le contexte politique et social en Chine ?

On est une décennie après la fin de l’Empire et de la dynastie Qing, et la Chine est dans un état assez catastrophique. Il y a eu la proclamation de la République, qui a généré beaucoup d’espoir, notamment parmi la jeunesse éduquée qui croit à la modernité : c'est le Mouvement du 4 mai avec de jeunes intellectuels qui se tournent vers Mme Science et Mme Démocratie, les deux mamelles de la modernité chinoise. Mais dès le début de la République, le pays sombre dans un chaos généralisé avec l'émergence des seigneurs de la guerre, qui se constituent des fiefs régionaux et des armées parallèles. Dans ce contexte naît le PCC, qui veut peser mais va tourner en rond pendant un moment à la recherche d’une stratégie. En face, l'autre mouvement important est le Kuomintang, parti nationaliste qui s’appuie sur l’armée et croit dans la Révolution par le prolétariat. 

Quels sont les rapports entre les communistes chinois et français dans les années 1920 ?

Une partie des futurs dirigeants communistes chinois est venue étudier en France. En 1919, le tout jeune Deng Xiaoping (qui deviendra secrétaire général du Parti communiste chinois de 1956 à 1967, puis numéro un du régime de 1978 à 1992) quitte sa province natale pour aller étudier en France. Il va à Lyon puis travaille au Creusot, et c'est là qu’il devient communiste, au contact de communistes français.

Encore aujourd'hui, il existe tout un courant de tourisme chinois qui se rend sur les traces de ces dirigeants, au Creusot, à Montargis et dans d'autres villes françaises.

Dans les années 1930, le PCC s'impose comme un parti important de l’Internationale communiste. Des journaux français comme L'Humanité glorifient le communisme chinois notamment pendan...

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