Grand Paris, vieux serpent de mer

Un Paris coloré, capitale mondiale de la création et de la liberté, aux heures les plus glorieuses des Années folles. Mais un Paris qui cache, à l'ombre de ses fortifications, une misère noire : sa banlieue sous-équipée, sous-administrée, enclavée.

François Latour, ancien président du Conseil municipal de la capitale, pose, dans Le Journal de 1934, des questions d’une saisissante actualité et soulève, de manière on ne peut plus claire, le problème majeur du Grand Paris : celui de la gouvernance. 

"Je persiste, en effet, à croire qu'il faut d'abord poursuivre l'unification réelle des services publics et des règlements administratifs dans le cadre de la région parisienne qui ne saurait s'accommoder plus longtemps de la dispersion de l'autorité. Le problème de la création d'une autorité centralisatrice a une importance au moins égale au problème financier."

Ce n'est rien moins que le rayonnement de la France et de sa capitale – ses impressionnants monuments, ses lignes harmonieuses, sa culture raffinée – qui est en jeu selon lui :

"Nos législateurs n'ont pas encore ouvert les yeux sur les progrès urbanistes des capitales d'Europe et des grandes villes des trois Amériques. Ils ne ressentent pas encore le besoin de regarder la France dans le miroir universel. Tant pis pour eux ! Tant pis pour nous ! (...)

Les amis de Paris sont essaimés dans le monde entier. Pour que ses visiteurs de demain restent ses amants, il faut que Paris s'adapte à la mode du jour en matière d'urbanisme et que, sans rien sacrifier de ce qui fait son originalité, il se débarrasse d'une banlieue sordide qui le déshonore."

Dans les année...