Extrait du journal

Je ne vais guère aux répétitions générales, sinon quand on donne la pièce d'un ami, ou que le nom de l'auteur me fait espérer une ceuvre importante. On y rencontre trop de 'gens que l'on connaît, et si l'on tâche, avec une amusante ardeur, quand on a vingt ans, de s'y montrer, on arrive vite à en avoir une sorte d'horreur. 'Rien ne vaut une cinquième, ou sixième représentation, avec un bon public dont toutes les têtes, sauf deux ou trois, me sont absolument étrangères, un 'bon public qui ne pose pas, qui ne « fait pas d'épate » et dont nulle considération intéressée ne trouble ou ne vicie le jugement, un bon public qui s'amuse, s'émeut, ou s'ennuie franchement, un bon public, enfin, qui ne sait même pas le plus souvent de qui est la pièce, mais vient voir une histoire et un acteur en vogue. Cependant, je lis soigneusement les comptes rendus et critiques, et c'est un véritable travail. Il y a d'abord l'avant-première, qui peut être une interview, des indiscrétions (des indiscrétions ! ah ! délicieux euphémisme !) ou une lettre de l'auteur à un grand courriériste....