Extrait du journal

Paris, 5 février. On n’espère plus aujourd’hui conserver au ministère M. Casimir Périer. Sa résolution paraît inébranlable. Ni les instances de M. Thiers ni celles de ses amis n’ont pu influer sur le découragement profond qui s’est emparé de l’honorable ministre à la suite du vote de vendredi. On ne sait pas encore qui héritera du portefeuille de l’intérieur. Il y a là une question très-grave, une question de laquelle dépendent directement la tranquil lité et l’avenir du pays. Bien que l’on puisse re procher à M. Casimir Périer quelques conces sions regrettables à l'esprit étroit et exclusif d’une certaine partie de la droite, il a, du moins, su entreprendre franchement tout ce qui pouvait venir en aide à cet essai de gouvernement loyal et sincère que M. Thiers a résolu de tenter. Le successeur de M. Casimir Périer saura-t-il mon trer à la fois la même habileté et la même fran chise. Saura-t-il montrer assez de libéralisme et d'esprit politique pour ne pactiser avec aucun parti, tant en appuyant de son autorité morale celui qui a pour lui, la vérité, la justice et l’avenir ? Nous le répétons, la question est grave et ce serait certainement lui donner une solu tion bien regrettable que d’offrir au premier venu la succession de M. Casimir Périer. Il est des hommes, qu’on ne l’oublie pas, qui se sont montrés en toute occasion, les ennemis acharnés du régime actuel. Par leur influence sur le centre droit, ils ont considérablement pesé sur les décisions de cette partie de la Chambre et sur lui retombe la responsabilité de bien des votes rétrogrades. Nous avons donc peine à croire que M. Thiers songe à faire de semblables choix, qui seraient pour le gouvernement plus qu’une faute et presque un suicide. Mieux vau drait déclarer, alors, que l’on veut en finir avec l’état de choses actuel. Mais ces choix ne seront pas faits. M. Thiers ne|trahira pas la confiance...