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Journal des débats politiques et littéraires, 17 décembre 1848

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Journal des débats politiques et littéraires
17 décembre 1848


Extrait du journal

Qu'y a-t-il pour le passé,et pour l'avenir dans l'immense scrutin qui vient de se fermer ? Il y a pour le passé un grand souvenir d'une part , et un grand mécontentement de l'autre. Pour l'avenir, nous en dirons un mot avant de finir. Voyons d'a bord le passé. Nous ne connaissons pas dans l'histoire de plus grand hommage rendu à la gloire que ce qui vient de se passer. Il y a cinquante ans, au commence ment de ce siècle-ci, un nom avait retenti dans l'imagination des hommes. Depuis ce temps, les institutions libérales que nous avons eues pendant trente ans et la forme de gouvernement semblaient exclure ce nom du présent et le renvoyer à l'his toire ou à la poésie. Beaucoup croyaient qu'il ne vivait plus que dans la mémoire populaire, et comme une légende. Il y avait dans la légende une vitalité singulière ; car c'est elle qui a fait l'élec tion du président. La personne était peu connue : le nom seul parlait. Le nom a suffi. Qu'on parle tant qu'on voudra des combinaisons adroites qui ont amené à M. Louis Bonaparte des suf frages illustres, nous tenons compte de ces combi naisons. La politique a bien pu lui donner dans le scrutin la qualité des suffrages ; mais c'est son nom qui lui a donné la quantité. 11 ne faut pas oublier cela, ni oublier non plus qu'un nom fait une élection, mais ne fait pas un gouvernement, Ceci est une première vue sur l'avenir. Outre son nom, M. Louis Bonaparte a eu pour lui l'immense mécontentement qui s'est.accumulé depuis dix mois au fond de toutes les âmes. Per sonne aujourd'hui ne peut le nier, le parti répu blicain n'a pas réussi en France. C'est la se conde fois que cela arrive ainsi. Nous sommes fort disposés à croire que la République est une forme de gouvernement qui a ses avantages. Nous le croyons, à cause de Gênes et de Venise, à cause de la Hollande et de la Suisse, à cause des Etats-Unis d'Amérique ; mais nous ne pouvons pas le croire encore à cause de la France. En France, les républicains ont toujours fait tort à la République. L'expérience est donc encore à faire dans notre pays, et il est évident que pour la bien faire, il faut la faire avec d'autres hommes qu'avec les républicains de la veille, car ceux-là ne s'en tendent qu'à perdre la cause. Nous attribuons le mécontentement aux hommes plutôt qu'aux institutions, parce que nous croyons que la France tient plus à avoir un bon gouver nement qu'une belle Constitution. Or, depuis dix mois les hommes ont beaucoup fait pour irriter et pour blesser la France. C'est surtout pendant les cinq premiers mois que le gouvernement du 24 février a semblé prendre à tâche de se rendre odieux et impossible. Ce gouvernement avait un grand tort : il était l'œuvre d'une minorité et le résultat d'un coup de main. Il fallait qu'il se fît populaire par l'exercice du pouvoir, ne pouvant pas l'être par son Loin de là, il a cher-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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