Extrait du journal

comédie est moins exigeante ; elle se contente d'un fils de bonne mère, et certes elle se fût contentée du jeune Delsarte. 11 était aux yeux de son père le représentant de ses doctrines et de l'art dramatique, comme il l'entendait, lui, Delsarte, habile à ce point, qu'il fera, si l'on veut, d'une fable de La Fontaine tout un drame. Ah ! qu'ils étaient heureux le père, et le fils, et la mère, et la jeune fille avec ses quinze ans ! Ils avaient devant eux un si bel avenir, l'avenir de cet en fant ! Ils se faisaient d'avance une si grande fête à le voir débuter sur quelque théâtre intelligent, et plaire au petit nombre !... Un soir, il y a huit jours, pas plus de huit jours, ils étaient tous réunis, et l'enfant et le père, à leur auditoire accoutumé, récitaient leurs scènes choisies. Jamais, mieux que ce soir-là , n'avait parlé le petit Delsarte ; il était Valère, et d'une voix si tendre il disait à Climène : Quand je plaisais à tes yeux, J'étais content de ma vie ; Et ne voyais rois ni dieux Dont le sort me fit envie. Et tout le reste du dialogue, où la ré ponse et la demande également plaisent aux Muses complaisantes. La leçon achevée, et l'enfant, quelque peu fatigué, ayant pris congé de ses chers parens qui l'applaudis saient: Avez-vous vu, disait le père à la mère, comme il était beau ce soir? Cha cun se retire, et bientôt tout repose sous cet humble toit, silencieux comme le mi lieu de la nuit. Tout à coup, il était une heure du matin, le malheureux enfant ap pelle à son aide. On arrive, on accourt, il se tordai! en proie à un mal subit et violent. Pense; donc à cette misère, à ces cris, à ces larmes, à ce père, à cette mère au désespoir !...