Extrait du journal

On dit souvent, et à juste titre, que notre tempérament nous destine à être les apôtres de l'Idée : voilà pourquoi, sans doute, les « Gestes de Dieu » et les « Droits de l'homme » ont toujours réclamé notre concours. Ce n'est point ici le lieu de risquer entre ces deux objets d'apostolat une comparaison messéante, ni de commettre un parallèle entre les pacifiques missionnaires qui, plus perspicaces que M. de Voltaire, conquéraient à notre France les « maigres arpents de neige» du Canada, et les a grenadiers héroïques et burlesques », comme les appelait Renan, qui semèrent à tous les vents les idées de la Révolution. Tout au plus pourrait-on remarquer que l'apostolat officiel des idées révolutionnaires est un rôle dont nous avons commencé de nous lasser, à partir du jour où sont écloses à nos portes certaines « unités nationales » que nous avions gracieusement couvées. Au contraire, malgré les efforts que mulplie la politique pour déconcerter nos missionnaires, leur nombre se multiplie, leur domaine s'étend. M. l'abbé Kannengieser, il y a peu d'années, provoquait en Allemagne un grand émoi, en montrant la supériorité numérique des dépenses que fait la France pour les missions, tant en hommes qu'en argent; et comme l'émotion n'est pas une réfutation, sa thèse, quoi qu'on lui prétendît objecter, demeurait intacte. Nous sommes encore, en dépit de l'étranger et en dépit de quelques-uns d'entre nous, les premiers missionnaires du monde. « Nul pays ne donne des missionnaires pareils à ceux que donne la France », écrivait naguère à la Propagande le coadjuteur de Colombo....