Extrait du journal

Lorsque les catholiques ont adhéré au programme du groupe de l’Action libé rale, présidé par M. Piou : Liberté pour tous, égalité devant la loi, ils ont établi entre eux autour de ce programme une union, désormais indissoluble. Us ont marché en troupe compacte et disciplinée aux luttes électorales du 27 avril et du 11 mai. L’habitude de vivre fraternellement ensemble et de combattre résolument côte à côte est prise; elle a pénétré les cœurs, et déjà, de toutes parts, nous recevons des lettres qui témoignent d’une inébranlable volonté de la continuer pour la préparation des scrutins à venir. Le programme s Liberté pour tous, égalité devant la loi, était assez large {tour ne pas rester seulement le nôtre. 1 est devenu celui de quiconque ressent l’amour de la liberté, de la justice, de l’égalité et de la fraternité. Dès lors, nous n’étions plus des isolés; d’autres entreprenaient la lutte avec nous ; nous les avons traités en amis. Aussi discrets que fidèles, nous avons évité tout ce qui pouvait éveiller leur susceptibilité ou contrarier leur action, et nous leur avons apporté sous toutes les formes notre concours dévoué. Pour la première fois depuis vingt ans l’opposition n’a pas éparpillé ses forces dans la lutte clairement et nettement posée devant le pays entre les catho liques et les libéraux d’une part, et les sectaires et les jacobins de l’autre. Malgré lès armes déloyales employées par ees derniers, maigre leurs travestis sements menteurs, leurs ruses d’« Apaehes », leurs calomnies effrontées, leur scandaleuse pression officielle, leurs ma nœuvres et leurs fraudes, une majorité de près de 500000 suffrages a adopté notre programme de liberté pour tous et d’égalité devant la loi. Nous sommes donc autorisés à le dire hautement : Notre programme est celui de la France. Si le nombre de nos élus ne répond pas à celui de nos suffrages, les raisons en sont aisées à définir : D’abord le scrutin d’arrondissement est de beaucoup celui qui traduit le moins exactement le sentiment du pays : la consultation se fractionne en trop de petites circonscriptions, où les questions de personnes priment trop souvent la question politique. Ensuite, quelque fidèles que nos tro upes aient été à la discipline, elles ne l’ont pas observée au second toûr aussi rigou reusement que les troupes ennemies. Etpourtant,n’était-il pas moins pénible pour nos amis de se désister en faveur de candidats qui avaient le même pro gramme, qu’il l’était pour les radicaux, par exemple, de se désister en. faveur de socialistes dont ils regardent le pro gramme révolutionnaire comme un péril national? Il y % eu cependant, dans nos rangs, quelques manquements à la discipline qui exigeait certains désistements au second tour. Ils furent rares, je m’em presse de le dire, mais ils ont suffi à di minuer le nombre de nos élus. Aussi, nous voulons épargner aux indisciplinés la cruelle épreuve de prouver par des exemples les tristes résultats de leur infraction à la règle. Quoi qu'il en soit, nous avons obtenu beaucoup, surtout en réfléchissant que, si nous n’avions pas fait ce que nous avons fait, c’en serait fini dç nous. Nous avons obtenu que l’Action libé rale, auteur du programme qui a réuni près de 500000 suffrages, a vu le nombre de ses membres s’accroître dans des proportions qui en font l’un des princi paux groupes de la Chambre. Nous avons obtenu de voir notre poli tique représentée à la Chambre par 260 antiministériels groupés autour du même programme de liberté, de justice et d'égalité. Nous avons obtenu la réduction de la majorité ministérielle, qui, par le fait d’un incident imprévu ou d’une déolara-....