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La Fronde, 2 juillet 1901

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La Fronde
2 juillet 1901


Extrait du journal

C'é tait la première fois, depuis un an qu'il l'avait quittée, la laissant à jamais triste, car elle ne savait point oublier, que le Paris joyeux et mondain la revoyait, et elle se sentait étourdie et désorientée, comme si, restée longtemps à l'ombre, elle eût retrouvé tout à coup la lumière. Rien n'avait changé, durant les longs mois qu'elle avait passés dans une solitude désespérée, et par cette journée de mai, un peu fraîche encore, mais limpide et jolie, égayée par un beau soleil qui entrait par les larges baies, le Salon du Champ de Mars était plein d'une foule élégante, que l'abandonnée traversait sans la voir. La charmante tolérance du printemps, qui libère les tailles fines de3 manteaux longs et lourds, et laisse la beauté féminine 8'épanou:r en des toilettes claires, n'était pas pour cette femme, sans doute, car une robe de drap sombre, très souple, presque monastique, la vêtait austèrement. Une voilette noire amortissait un peu l'éclat fiévreux de ses yeux gris, et elle passait dans les salles faisant le tour de chacune, mais sans qu'une seule toile fit faire halte à son regard. De célèbres noms de la peinture défilaient devant elle, et indillérente, elle passait....
La Fronde (1897-1929)

À propos

La Fronde est un journal quotidien féministe fondé à la fin du XIXe siècle par Marguerite Durand.

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