Extrait du journal

A priori cette manière de voir dénote une puérilité et une ignorance totale de la psychologie des criminels. Celui qui va tuer garde toujours l'espérance qu'il échappera à la justice. Il se préoccupe seulement de n'être pas pincé, afin de réussir dans son entreprise- Et s'il a peur, quelquefois, la nature du châtiment qu'il peut encourir ne l'inquiète guère. A cet égard la série des crimea qui viennent d'être commis, depuis une quinzaine de jours, c'est-à-dire depuis qu'il est question de relever la guillotine. doit convaincre les plus obstinés partisans de la peine de mort, de l'inanité de cette barbare mesure. Le jour même où l'on tranchait quatre têtes à Béthune, après une publicité que la presse bien pensante n'accordera jamais aux actions les plus vertueuses, quatre ou cinq assassinats étaient commis en France, tant au Nord qu'au Midi. Qui oserait prétendre que ces criminels ignoraient les exécutions capitales qui se faisaient à ce moment-là ? Cet événement a été le principal sujet de conversation dans tous les milieux et dans toutes les classes de la société. On ne parlait que de cela partout....