Extrait du journal

Avant même que M. Caillaux ait pris la parole pour défendre son œuvre, nous possédons un aperçu des raisons qu'il invoquera à la tribune, jeudi, en faveur du traité franco-allemand. Un de nos plus habiles confrères esquissait hier ce plaidoyer dans un journal officieux. Toute là thèse repose sur la déprécia tion du Congo. Dépréciation excessive et propre ÊL nuire à la cause qu'il s'agit de soutenir, car les résultats obtenus par les compagnies concessionnaires d'une part et, de l'autre, les résultats obtenus au Congo belge, interdisent d'affirmer que les vastes territoires que nous aban donnons sont dépourvus de valeur. On oublie aussi le « trou » que la perte du Congo creusera dans le budget de l'Afri que équatoriale, selon'la remarque qui en a été faite à la commission des affai res extérieures- Enfin, l'argument d'a près lequel le Congo n'aurait pour, ainsi dire pas coûté de sang français ne prou ve qu'une chose : c'est que nous cédons à l'Allemagne une colonie parfaitement pacifique et pacifiéeOn n'en saurait dire autant du Maroc, qu'il nous reste à conquérir, et dont il serait bien imprudent d'affirmer que la conquête sera facile. Ët quand notre ingénieux confrère nous présente, sous l'aspect le plus en gageant, notre acquisition marocaine et s'attache à démontrer que la part de l'Espagne n'est pas aussi belle qu'on le dit et que le plus grand et le meilleur morceau nous reste, le lecteur ne peut s'empêcher de remarquer, qu'il passe un peu vite sur la question de Tanger et surtout que, parlant Atlantique, il omet totalement de parler Méditerranée. Car lorsqu'on vante notre Empire méditer ranéen accru et complété par le Maroc, il importe de ne pas perdre de vue que, de la Moulouya à Tanger inclus, nous ne posséderons pas le moindre jour de souffrance sur la mer. — J. B....