Extrait du journal

C'est pourquoi j'approuve hautement Vaughan d'avoir offert à Zola l'hospitalité de VAurore. Mais si j'ai tenu à nonneur de céder pour un jour ma place à l'homme courageux qui, dans l'universelle lâcheté où nous nous décomposons, osait l'acte hardi pour la Justice et pour la vérité, je me dois à moi-même de dire que mon attitude demeure inchangée. Ce n'est point du tout par tactique que j'ai refusé, dès le premier jour, de me laisser entraîner à proclamer l'innocence de Dreyfus. Je ne puis pas admettre qu'on ait consenti à condamner cet homme s'il n'y avait eu rien au delà du bordereau et de l'expertise grotesque de Bertillon. De toute évidence, le document décisif a été communiqué, hors la présence de l'accusé, aux jugesj qui ne savaient pas qu'on leur faisait ainsi violer la loi. Qu'est-ce que ce document, et que vaut-il ? .Nous le saurons un jour. Pour le moment, sans affirmer une' innocence dont ie n:ai point de preuves, je me borne à demander la loi égale pour tous, car les garanties de justice ne peuvent être supprimées à l'égard d'un seul sans que le corps social tout entier soit menacé dans son ensemble....