Extrait du journal

On a fait à Madrid tous les efforts imaginables pour tirer le Trésor public de l'état de crise où il se trouve. Un projet d'emprunt a été adopté qui doit pourvoir aux embarras du moment, et donner des garanties aux anciens créanciers de l'Espagne. Malheureusement des négociations sont indispensables pour amener la conclusion de ce traité, et rien n'annonce que ces négociations touchent à leur terme. Il paraît même que. des difficultés graves se rencon trent, et que les questions de préférence* déjà résolues à Madrid se raient de nouveau agitées à Paris. Les commissaires du gouvernement espagnol, s'ils n'écoutent, comme nous n'en doutons pas, que l'intérêt national, sauront, dans cette circonstance, se prémunir .contre toutes les obsessions de rintrigue. Il faut lie l'argent à l'Espagne : un emprunt, c'èst la fin de la guerre et le commencement-d'une ère de prbspérité. Les Cortès, qui ont exalniné la question sous toutes les faces, ont fait un choix entre les diverses propositions qui leur ont été soumises : c'est dans le sens de cette, décision que les négociations doivent être dirigées : une solution satisfaisante ne s'obtiendra qu'à ce prix. < Sous le point de vue politique, l'Espagne est calme, plus qu'elle ne l'a jamais été ; on parle bien encore de conspirations, mais on ne parle plus de rébellions et d'émeutes. Le Ministère est faible, et c'est peut-être à cette cause qu'il faut attribuer ces bruits de complots, toujours insaisissablès et toujours renouvellés. La majorité dans les Chambres est acquise au parti modéré, mais peut-être a-t-il trop abu sé de sa puissance vis-à-vis des hommes qui ont voulu donner à la révolution espagnole une plus vigoureuse impulsion; La cause constitutionnelle doit rallier tous ses partisans les dissiden ces de système ne peuvent être des antipathies radicales , alors qu'on est en présence de l'ennemi commun, l'absolutisme. Ce que nous disons aujourd'hui auparti modéré, nous le disions, en d'autres temps aux exaltés , quand on assassinait Quesada , quand on proscrivait Isturitz et Toreno. Malheureusement, les partis en Espapagne entendent peu le langage de la froide raison; mais ils ont eu des leçons si rudes, ils ont été tour-à-tour si maltraités après la dé faite, qu'ils devraient bien avoir appris à user de la victoire avec dis crétion, surtout quand ils se qualifient de modérés. L'avis est d'autant meilleur à suivre, que le système qui l'emporte aujourd'hui n'a pas des positions bien fortes, et qu'un échec grave, par exemple, la nonréussite de l'emprunt, suffirait peut-être pour faire passer le Pouvoir aux mains des hommes de l'opposition....