Extrait du journal

A partir de ce point, il y a des soldats partout ; sur toutes les éminences, deux ou trois sentinelles ; des chevaux pais sent l'herbe rare qui pousse dans les fentes des rochers ; il y a là des groupes qui feraient rêver un peintre. Ce point doit être le passage dangereux, car les vedettes se multiplient : de temps en temps, au détour du chemin, derrière un amas de branchages, on voit passer un canon de fusil, puis une tête brune qui nous considère et disparaît aussitôt dans sa cachette. Bientôt, voici tout un détachement dissimulé au milieu des broussailles : l'officier interroge la mon tagne avec une longue-vue. L'objet de son, attention doit être bien intéressant, car, à notre passage, il ne détourne pas la;tête. L'heureux: homme ! il voit pro bablement des insurgés, et ce bonheur nous sera, refusé. A quelques centaines, dè mètres, nous voyons un couvent, dont les journaux ont beaucoup parlé, Duci-Monastir. Ce couvent, il y a dix ou douze, jours, était occupé.par les insur gés. Ceux-ci, à l'arrivée des Turcs, ont décampé, et plus vite que ça. Lespauvres popes à qui on avait raconté que les Turcs massacraient et mutilaient tout, femmes, prêtres et, enfants, revêtissent leurs plus beaux ornements, et s'avan cent au devant du général, Nedjib-Pacha — Général, nous savons que vous allez nous couper en petits morceaux, nous avons fait le sacrifice de nos vies, mais nous vous supplions de ne pas nous faire souffrir. — Ah ça, dit Nedjib, qui a le verbe assez haut, est-ce que vous vous f..... de moi. — F...... moi le camp, tout de suite, et que je ne vous revoie plus, car je vais installer mes soldats chez vous." Déoriro la stupéfaction des pe-...