Extrait du journal

Malgré ton geste de menace, Malgré ta rapière à ton poing, L'Univers ne s'y trompe point :, Kaiser, tu, viens de, crier, grâce. Et tes diplomates suspects. Tremblants d'un lendemain précaire, Comme ils ont déchaîné la guerre, Voudraient faire éclater la paix. Chef sanglant de la race élue Dont la botte est sur notre chair, Cette guerre au couteau, Kaiser, Kaiser, c'est toi qui l'as voulue ! Kaiser, du temps où tu rampais. Tigre aux aguets qui se pourléche, Vers ta guerre joyeuse et fraîche, Nous aussi, nous aimions la paix ! Non point cette paix vivandière Qui traîne un sabre dans ton camp; Mais la paix libre, sans carcan, La paix sans torche incendiaire ! Point.de paix sans la délivrance ! ' Si ton cri veut être entendu, C'est assez de sang répandu : Va-t'en de la terre de France ! Tes soldats, soudards et larronSi Pillent la glèbe où tu t'accroches... Retire tes mains de nos poches. Kaiser, et noùs t'écouterons! Va-t'en! Que tes pattes impies Ne'profanent plus notre autel! Rends-nous la liberté du ciel Empoisonné par tes Harpies ; Nos rêves légers dont en vain T11 voudrais arracher les ailes ! Rends à la Belgique Bruxelles Et le coeur saignant de Louvain ! Rends-nous les cités idéales, Ces vierges de pierre à genoux Qui soupirent, là-bas, vers nous! Kaiser, rends-nous nos cathédrales ! Kaiser, Kaiser, le châtiment Ouvre sur toi sa large pince ! Et, malgré ton rire qui grince Et ta pitié d'ogre qui ment, Le Droit sacré, pour qui se forge Un éblouissant lendemain, Jamais ne te tendra la main Avec ton couteau sur la gorge ! Auguste ViLLEBOY. Décembre l'jlg....