Extrait du journal

La grève imminente du ler1er mai n'a pas troublé un instant le public; en tout cas, il n'a pas fait grève pour le vernissage du Salon des Artistes français, 11 est donc inutile de dire qu'il y avait foule, hier, au Grand Palais. Je n'ai eu qu'à la suivre pour connaître ses impressions. J'écou tais. Tu sais, j'ai lu dans mon journal que c'est très mauvais, qu'il n'y a rien à voir. C'est singulier! J'ai lu le contraire dans mon journal. Fiez-vous donc aux journaux ! Tu ne voudrais pourtant pas qu'ils soient d'accord. Ce ne serait plus amusant. Sur cette réflexion, j'emboîte le pas à un autre groupe qui, après avoir traversé la sculpture, monte le grand escalier et entre dans le salon d'honneur. Ah! Nous allons voir ici les chefs-d'œuvre. Où sont-ils? Ma foi, je ne les vois pas. Ce n'est pas un salon d'honneur, c'est un grand vestibule. Tour nons à droite, à la salle 2. Je suis, et tout de suite je vois la foule en extase devant le buste de Mme Adam, par M. Denys Puech. Une simple terre cuite, mais une merveille de velouté et d'expression, disent ceux qui passent. On se presse devant la toile de M. Guillonnet, Scarabées, et l'on dit : « Quelle lumière ! Quelle harmonie de couleurs ! Quel art des nuances! » On admire un beau portrait de femme par M. Lauth et les paysages de M. G. Leroux. Salle 3, le Gulliver et les autres toiles de M. Devambez font fureur; impossible d'appro cher. , Suivons le flot. Regarde les paysages d'Henri Martin. Ça vibre, mon cher. Viens voir La Prière de Maxence. Oh ! ces mains ! Tiens, le portrait de Briand ! Ce qu'il est ressemblant ! Il est de Maillart. « Diogène-Ulysse-Napo léon », dit le catalogue. Il en a collectionné des noms historiques, celui-là ! Oh ! la jolie Source ! C 'est de Léandre, bien sûr. Comme c'est frais et joliment fait !...