Extrait du journal

La conversation animée dont elle est l'objet, depuis déjà quelques mois, entre lés gros bonnets que nous venons de nom mer, n'avait tout d'abord qu'un caractère historique et, pour ainsi parler, didacti que. La polémique n'y entrait pour rien. On nous disait, avec autorité, et sans craindre les contradicteurs, ce qu'est la mise en scène au théâtre, ce qu'elle a été, les progrès qu'elle a accomplis depuis les acteurs barbouillés qui cascadaient dans les carrefours jusqu'au très intelligent et très subventionné Emile Perrin. Personne ne conteste qu'elle ne se soit élevée, dans ces derniers temps, à la hauteur d'un art, et qu'elle n'ait produit des merveilles. Il est bien certain qu'allé a suivi, et même quel quefois dépassé le progrès, non pas du grand art dramatique, dont il ne saurait être question ici, mais des combinaisons, des ficelles dramatiques, qui constituent la supériorité du théâlre modèine sur le théâtre antique, et du théâtre contempo rain sur l'ancien théâtre français. J'irai plus loin, je reconnaîtrai qu'elle est elle même la première, la plus utile, la plus intéressante, la plus indispensable de toutes les ficelles. A ce point de vue, elle excite une grande admiration, et justifiée. Elle n'a pas pro gressé du médiocre au mieux, mais du rien au tout ; elle n'était pas, elle est ; et elle devient chaque jour plus riche, ce qui est facile ; plus exacte, ce qui est méri toire ; plus ingénieuse et plus rusée, ce qui est précisément son devoir et son but. Elle triomphe dans le stratagème, dans pq déploiement de poudre aux yeux dont Ips toilettes font partie; et c'est par là qu'elle tient sa place dans l'art, qu'elle est un coin, un petit coin de l'art. A cha que pièce nouvelle qu'on prépare et qu'on répète, les journaux nous apprennent que c'est une grosse affaire desavoir comment telle scène sera jouée, comment tel clou sera accroché. On y accroche quelquefois le succès de la pièce, et on a raison, car il én dépend. -■Nous étions donc très fiers, au début de cette causerie entre MM. Emile Perrin, Francisque Sarcey, Alexandre Dumas fils, et autres conférenciers remarquables, des améliorations obtenues et des perfec tionnements réalisés. La mise en scène Bous apparaissait à la fois comme un art et comme une science. Nous citions avec orgueil les grands metteurs en scène : Montignyy qui fut un génie.; M. Koning, qui finira par en être un, M. Carvalho, et le chef du chœur, M. Emile Perrin lui même, apologiste et prophète dans son propre pays....