Extrait du journal

Aussi bien, puisque toutes cesstatues d'or que lâ jeune Amérique a vues se dresser sur le fronton de son histoire descendent-une à une de leur socle pour entrer en lutte contre la vieille- Europe, peut-être ne serez-vous pas fâchés de savoir sur elles quelque chose de plus que le simple 'fait qu'elles Bout pétries dans le métal le plus riche et Qu'elles ruissellent des diamants les plus magnifiques; peut-être, sous le marbre d'or serez-vous curieux de voir palpiter la vie, et peut-être, sous l'airain d'argent, serez-vous étonnés de compter les battements d'un coeur humain. Devant t vous, pendant quelques heures, te voudrais, comme en un kaléidoscope mouvant faire défiler ces rois de l'industrie, ces empereurs' de la finance plus puissants que des chefs de royaume, plus menaçants que des conducteurs d'empire, qui aujourd'hui commandeutà des légions d'intérêts– ce qui est mieux que des légions d'hommes -=et qui demain, peut-être, bouleverseront le monde. Et d'abofd.arrêtons-nousdévant celuici, le plus riche et, le plus étrange de tous. Il y a cinquante ans, dans la misérable églised'unmisérablevillagederohio, on voyait chaque soir entrer un jeune homme blond, chétif, timide, auxgestes effacés et craintifs. il passait,un grand tablier bleu ou prenait un petit chiffon blanc et, durant d eux heures d'horloge, astiquait les candélabres, nettoyait les carreaux, faisait reluire les boiseries et miroiter les cuivres. Parfois, quand il y avait -un office, il allumait les cierges et doucement agitait les sonnettes. On ne le payait pas pour cela, et c'est au contraire souvent lui qui contribuait de sa poche au bien-être de la congrégation. Je n'en veux pour preuve que la page suivante détachée de son carnet quotidien de dépenses...