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Le Matin, 14 octobre 1886

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Le Matin
14 octobre 1886


Extrait du journal

RELIGIEUSES ET MÉDECINS Les religieuses font beaucoup parler d'elles depuis quelques jours. Mies ont tort. La prudence leur commanderait de ne rien hasarder qui pût appeler l'attention sur les couvents. Les dames Augustines d'Auxerre auraient sagement agi, si, à la première réquisition, elles avaient ouvert toutes grandes, au père qui venait réclamer sa fille, les portes de leur couvent. EUes auraient été mieux inspirées encore, en se refusant à accorder, sans l'autorisation de ses parents, l'hospitalité à Mlle Gallet. Elles auraient évité ainsi un scandale qui ne profitera pas aux congrégations. Il y a en France un vieux levain contre les couvents, qu'il serait maladroit aux bons religieux et aux douces religieuses de réveiller. Beaucoup d'histoires comme celles d'Auxerre, et on ne tarderait pas à en revenir, dans notre vieux pays de France, aux bonnes et saines doctrines de la Révolution en matière de congrégations religieuses. Qu'on nous ramène à PortaiI est bien clair que M. Gallet, en pénétrant mante militari dans le couvent des dames Augustines, en substituant son action personnelle a l'action de la loi, a manqué de correction. En tant que législateur, je le blâme énergiquement. En tant que citoyen, je le comprends, je l'excuse et,si on me poussait un peu,je dirais que jel'approuve. Pourquoi? Parce que si M. Gallet tenait à revoir sa fille et à avoir avec elle une dernière explication,il a bien fait de se presser. On connaît les procédés habituels des congrégations. Si M. Gellot avait seulementperduunjourou deux en conférences avec lé procureur de laRépubliaue, il aurait pu courir tout à son aise après sa fille, il ne l'aurait pas rattrapée 1 elle aurait été cachée quelque part dans un couvent voisin ou lointain, à l'abri de l'autorité paternelle, à l'abri des recherches indiscrètes de la police. Ces choses-là se sont vues cent fois, et cela se serait vu une fois de plus. Les congrégations ne reconnaissent ni la loi ni l'autorité civiles. Pour elles le couvent est encore un lieu d'asile. Le supérieur d'une maison monastique l'a dit tout récemment dans un procès dont la presse s'est occupée le moine qui a commis un délit ne relève que de la loi religieuse et de la discipline canonique. Jamais les congrégations ne livrent volontairement un criminel au bras séculier. A plus forte raison s'il s'agit d'une jeune fille qui vient demander à la paix du cloître protection contre une famille impie....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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