Extrait du journal

(Voir la suite en 2' page, 2' col.) PROPOS D'UN E PARISIENNE i fleur de l'ombre UNS fleur croît sur les ruines de la paix et c'est la gentillesse. Quand tout va bien, les gens cultivent volontiers leur moi ce chardon. La guerre fauche les chardons et les gens deviennent gentils. Ils ont soudain, ceux qui restent, des attentions les uns pour les autres. Ils se découvrent mieux que des mérites un visage, une réalité. Des gens qui dans le même immeuble ne se sont jamais salués pendant dix ans, s'abordent, échangent leurs opinions et leurs journaux, font quelques pas côte à côte dans des rues qui, à certaines heures, retrouvent le vide et la résonance des rues de province. Ils se rendent des services qu'ils eussent, appelés, quinze jours plu^, tôt, avec dédain, des libertés. En peu d'heures, ils ont retrouvé cettt miraculeuse monnaie d'échange humain, les larmes et le sourire. Et, à cette solidarité que l'état de guerre avait fait jaillir, s'ajoutent la solidarité de l'alerte, la fraternité des caves qu'ennoblissent.le beau nom d'abri. On descend ensemble, on se côtoie, on se nomme, on se soutient. De grands crus ont mûri dans ces poudreuses profondéurs, sous ces voûtes cù circule un air prudent et confiné. Aucun n'aura jamais l'arome, la vertu, le bouquet de ce vin d'amertume et de menace que dore l'amitié....