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Le Matin, 28 octobre 1916

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Le Matin
28 octobre 1916


Extrait du journal

Les premiers jours de la guerre, nous avons tous senti la grandeur des temps chacun était prêt à tout sacrifier. Il y a vingt-sept mois de cela. Sommes-nous toujours aussi conscients de ce qu'est notre situation ? Les ruisseaux de sang que l'on voit couler à travers les lignes des communiqués sont restés les mêmes ils ont même grandi. Rassurezvous pourtant, vous qui offrez chaque jour votre front à la mort chacun dans le pays sent encore aujourd'hui Vimportance des temps présents. La pression de nos ennemis à l'est, à l'ouest, au sud-est, n'a jamais été aussi régulière et si formidable que pendant ces derniers mois. Jamais nous n'avons matériellement plus souffert des tentatives anglaises de nous affamer. Autours de nous, un cercle d'ennemis puissants se resserre chapeau bas devant eux. 1 Notre situation militaire est toujours i aussi forte, mais nos ennemis aussi se sont élevés à notre hauteur. C'est la France qui ne veut pas reculer d'un pas c'est la Russie, qu'on disait épuisée, qui fait surgir du sol des millions d'hommes c'est l'Angleterre qui a accepté le service militaire et le travail obligatoires comme si elle ne les avait ] pas combattus. 11, faut que nous, Allemands, nous re~ i tardions bien en face celte réalité et il 1 nous faut bien voir que nous sommes en. danger de passer au dernier rang, que nous y sommes peut-être déjà non seulement matériellement mais aussi moralement. C'est le monde entier que nous avons contre nous. Nous ne sorti- j mes pas encore au maximum des sacri- f lices qu'exige de nous cette guerre, sa- < crifices de sang, de biens, de labeur. Il faut jeter dans la partie ses dernières ressourres. Celui qui n'en a pas le coeur c est perdu. i Nous écrivions il y a trois jours dans le Matin que l'Allemagne se -trouvait en- c tre deux feux et qu'il ne fallait pas juger sa situation militaire sur l'effort qu'elle fait en Orient, car cet effort a c comme contre-partie nécessaire son af- 1 i'aiblissement en Occident, au moment même où les armées franco-anglaises l disposent d'une puissance en matériel qu'elles n'ont jamais possédée auparavant....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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